MODE - Le second degré et la mode ne font pas toujours bon ménage. Ce dimanche 3 octobre, alors que la Fashion Week bat son plein à Paris, Givenchy a présenté sa collection printemps-été 2022, la troisième pour son récent directeur artistique, Matthew Williams.
Des robes de soubrette en néoprène, des cuissardes en vynil ou encore des boléros. Pour le retour des défilés en physique, le couturier américain de 35 ans explique, dans les colonnes de Vogue, avoir pensé des pièces “très très travaillées et très complexes”.
L’une d’elles n’est pas passée inaperçue. Il s’agit d’un bijou, un collier en forme de noeud coulant aperçu autour du cou de plusieurs des mannequins.
C’est sur Instagram, ce même dimanche, que l’objet a été identifié après avoir été épinglé par Diet Prada, un compte anonyme suivi par près de 3 millions d’utilisateurs. Connu pour dénoncer les manquements et controverses dans l’industrie de la mode, il s’étonne de voir un tel bijou faire surface aujourd’hui.
En 2019, la marque de prêt-à-porter de luxe britannique Burberry a fait face à une avalanche de critiques après avoir présenté un sweat-shirt à capuches dont les cordons avaient été noués, là aussi, à la manière d’un gros noeud coulant, rappelant le genre de noeuds faits pour se pendre.
La débacle a été telle qu’elle a poussé le patron de la griffe, Marco Gobbetti, à parler publiquement, il a insisté sur le fait que ce vêtement “ne reflétait pas [leurs] valeurs”. Le directeur artistique, qui avait dédié cette collection intitulée “Tempest” à la jeunesse, s’est, lui, platement excusé. “Bien que le design ait été inspiré par un thème nautique, je réalise avoir manqué de sensibilité”, a précisé Riccardo Tisci.
“L’histoire se répète”
Sur Instagram, Diet Prada se désole de la ressemblance entre le collier et ce sweat-shirt. “On se demande bien comment personne n’a pu le remarquer, mais on le sait, hélas, l’histoire se répète”, écrit-t-on. Dans les commentaires, même constat. ”Ça m’écoeure”, souffle une internaute. “C’est fait consciemment, estime une autre. C’est du marketing qui marche à l’indignation.” Un utilisateur ajoute: “Heureusement qu’ils ne l’ont pas fait porter à une mannequin noire.” Le “noose” en français, noeud coulant, est aussi un symbole de l’esclavage
Contactée par Le HuffPost, Givenchy n’avait pas encore répondu à nos sollicitations. Cette histoire n’est cependant pas sans rappeler une critique récurrente faite à l’égard de l’industrie de la mode, celle d’esthétiser les maladies mentales.
Au mois de septembre 2019, par exemple, Gucci a fait défiler certains mannequins en camisole de force sur un tapis roulant. L’une des top-modèles avait écrit une phrase sur ses mains en guise de protestation: “la santé mentale n’est pas une mode”. La couverture du mois de juillet 2020 du Vogue portugais, mettant en scène une femme nue recroquevillée sur elle-même dans la salle de bains d’un asile psychiatrique, a eu le même effet. Son titre? “The Madness Issue” (en français, “le numéro de la folie”). Le chemin est long.
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