Les chiffres et cartes du Covid en France au 14 décembre 2021

Le pic des contaminations devrait bientôt être atteint et le taux d'incidence diminue dans certains départements en France.

SCIENCE - “Nous sommes en train d’atteindre le pic”, a observé Oliver Véran dans une interview pour Le Parisien ce dimanche 12 décembre. La vague de Covid-19 est toujours fulgurante mais “on constate un début de ralentissement de la vague épidémique”, a souligné le ministre de la Santé. 

Une nouvelle rassurante avant les fêtes de fin d’année mais il est encore trop tôt pour dire “si les contaminations vont ensuite diminuer rapidement ou rester sur un plateau haut”. D’autant plus que la baisse de l’incidence liée au variant Delta pourrait être compensée par l’arrivée du variant Omicron.

Cette augmentation moins rapide des contaminations n’est pas le seul point à prendre en compte. Les nouvelles entrées en hospitalisation doivent aussi être surveillées et le pic n’est pas encore atteint. “Si demain on arrive au pic des contaminations, on n’arrivera au pic ces nouvelles hospitalisations seulement 10 à 15 jours plus tard”, explique l’épidémiologiste Pascal Crépey, lundi 13 décembre, sur BFM TV

Pour bien comprendre où en est la France face au Covid-19, Le HuffPost vous propose de regarder les derniers chiffres, mais surtout leur évolution en cartes et en courbes. Un point important à bien avoir en tête avant de poursuivre votre lecture: les données sont toujours publiées dans la soirée. Ainsi, les chiffres à jour ce mardi 14 décembre sont ceux publiés la veille, le lundi 13.

Il faut également savoir que ce ne sont pas les chiffres du jour, mais ceux à J-1 pour le nombre d’hospitalisations et le nombre de nouveaux cas confirmés. Pour l’incidence et le taux de positivité, ce sont les chiffres du dépistage à J-3 (à la date de réalisation du test) qui sont utilisés.

Les courbes nationales du Covid-19

Lundi 13 décembre, la Direction générale de la Santé a recensé 12.036 cas, un chiffre faible qui s’explique par le peu de dépistage réalisés les dimanches. Si l’on regarde l’évolution moyenne (sur 7 jours), on voit que la cinquième vague progresse toujours, mais de plus en plus lentement, avec 48.879 nouveaux cas par jour. Un niveau à la troisième vague de cet été. Il faut remonter à novembre 2020 pour trouver de tels chiffres.

Les chiffres à J-1 sont pratiques pour suivre au plus près l’évolution de l’épidémie, mais sont susceptibles de varier d’une semaine à l’autre en fonction de la rapidité de remontée des résultats. Pour bien s’assurer des tendances, il est préférable de regarder les données publiées par Santé Publique France, qui montrent le nombre de cas à la date du dépistage, avec un retard de trois jours.

Les graphiques ci-dessous permettent de voir cet indicateur, ainsi que d’autres essentiels pour suivre l’évolution de l’épidémie. On voit que si les hospitalisations augmentent, elles progressent moins vite que les cas, notamment grâce à la vaccination.

Signification des différents indicateurs

  • Taux d’incidence: c’est le nombre de cas détectés pour 100.000 habitants. Il est très utile, car il donne un état des lieux de l’épidémie en quasi-temps réel (quelques jours de décalage pour l’apparition des symptômes, voire avant leur apparition pour les cas contacts). Mais il est dépendant des capacités de dépistage.
  • Taux de positivité: c’est le nombre de tests positifs par rapport aux tests totaux effectués. Il permet de “contrôler” le taux d’incidence. S’il y a beaucoup de cas dans un territoire (taux d’incidence), mais que cela est uniquement dû à un dépistage très développé, le taux de positivité sera faible. À l’inverse, s’il augmente, cela veut dire qu’une part plus importante des gens testés sont positifs, mais surtout que les personnes contaminées qui ne sont pas testées, qui passent entre les mailles du filet, sont potentiellement plus nombreuses.
  • Taux d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid-19: C’est un chiffre scruté, car il permet de savoir si les hôpitaux sont capables de gérer l’afflux de patients. Il est très utile, car il y a peu de risque de biais: il ne dépend pas du dépistage et les occupations de lits sont bien remontées aux autorités. Son désavantage: il y a un délai important entre la contamination et le passage en réanimation, d’environ deux à trois semaines. 
  • Entrées en réanimation et nouvelles hospitalisations: moyenne lissée sur 7 jours des personnes entrant à l’hôpital
  • Décès à l’hôpital: Comme les réanimations, c’est un indicateur plutôt fiable, mais avec un délai important.
  • R effectif: cet indicateur représente le “taux de reproduction du virus” réel, c’est-à-dire le nombre de personnes infectées par un cas contagieux. Il est calculé par des épidémiologistes et a lui aussi un délai important.

Comme on peut le voir, tous les indicateurs sont à la hausse depuis plusieurs jours. Mais le plus important, c’est de comprendre à quelle point cette évolution est rapide. Pour cela, il est intéressant de regarder l’évolution sur une semaine, en pourcentage, de ces chiffres:

Le taux d’incidence est toujours en hausse, mais la croissance faiblit depuis plusieurs jours. Si la tendance se poursuit, il est possible que le pic des cas soit proche.

Du côté des indicateurs hospitaliers, le taux d’occupation en réanimation est encore plus faible que lors des grandes vagues (49%), mais le nombre de lits occupés progresse chaque jour. Même chose pour les hospitalisations.

Carte du taux d’incidence par départements

Si l’on regarde l’évolution de l’épidémie de manière plus locale, on voit que la tendance est toujours à la hausse, mais qu’une baisse se fait sentir dans certains départements métropolitains, mais avec des différences marquées entre les territoirescomme on peut le voir sur la carte ci-dessous, qui montre l’évolution du taux d’incidence sur une semaine.

En France métropolitaine, tous les départements ont dépassé le seuil de 100 de taux d’incidence. Et le chiffre de 500 est désormais atteint dans une vingtaine de territoires.

Le graphique ci-dessous permet d’analyser plus en détail la situation dans votre département.

La carte du taux d’occupation en réanimation

Du côté des indicateurs hospitaliers, aucune région n’est pour l’instant en tension à cause du Covid-19. Le taux d’occupation en réanimation est maintenant supérieur à 50%, sauf en Bretagne, en Normandie et en Île-de-France.  

Une vaccination très efficace, mais qui patine

Comment expliquer cette cinquième vague? Difficile à dire tant le coronavirus réussit à déjouer nos pronostics, mais il faut déjà rappeler qu’une hausse était prévisible, surtout avec la dominance du variant Delta, bien plus contagieux.

Une hausse maîtrisée de l’épidémie en plein hiver, avec des mesures limitées (tel le pass sanitaire, le port du masque, l’aération des lieux clos, etc), n’est possible que grâce à la vaccination. Si le vaccin ne protège pas à 100%, il réduit le risque d’infection et baisse drastiquement le risque de développer une forme grave du Covid-19.

Aujourd’hui, plus de 76% de la population est vaccinée, comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous, avec des disparités entre les classes d’âge.

Mais on sait maintenant que l’efficacité du vaccin contre l’infection baisse avec le temps, notamment six mois après la vaccination. La protection contre les formes graves de Covid-19 reste élevée, mais semble tout de même diminuer, notamment chez les personnes âgées.

C’est pour cela que de nombreux pays dont la France ont lancé une campagne de rappel. Dans ses prévisions de fin novembre, l’Institut Pasteur estime qu’une dose de rappel, en réduisant encore plus le risque d’hospitalisation des plus à risque et en diminuant le risque d’être infecté, peut faire baisser le pic des hospitalisations en théorie. Ainsi, un rappel pour les plus de 65 ans diminue la hauteur du pic de 20%, alors qu’un rappel pour l’ensemble des adultes le fait chuter de 44%. 

Le graphique suivant permet de mieux se rendre compte de la progression des injections de rappel:

Des vaccins toujours efficaces face au Covid-19

L’efficacité des vaccins et de la troisième dose se voit facilement si l’on analyse le nombre de personnes vaccinées ou non-vaccinées positives, hospitalisées ou en réanimation.

Il faut par contre faire attention: plus de 91% des adultes sont vaccinés. Il est donc logique qu’il y ait beaucoup de personnes vaccinés dans les hôpitaux. Mais si l’on compare à effectif égal (combien d’hospitalisé pour un million de vaccinés, versus combien d’hospitalisé pour un million de non-vaccinés), on voit bien que le vaccin est très efficace.

La preuve avec les graphiques ci-dessous. On y voit également que le rappel augmente encore plus l’efficacité du vaccin.

À voir également sur Le HuffPost: comment contrôler une épidémie, mode d’emploi

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires