Régionales 2021: le gouvernement accusé de se défausser pour reporter le scrutin

Le Premier ministre Jean Castex photographié à son arrivée à l'Assemblée nationale le 6 avril (illustration)

POLITIQUE - Une lettre qui sème le doute. Ce vendredi 9 avril en fin de journée, le gouvernement a envoyé aux maires, via les préfets, un courrier pour leur demander de se prononcer sur la tenue (ou non) des élections régionales  prévues les 13 et 20 juin prochains. Une consultation qui intervient alors que la question du maintien ou du report tourne au casse-tête pour l’exécutif, coincé entre contraintes sanitaires et impératifs démocratiques. 

Selon cette missive consultée par l’AFP, les maires doivent “indiquer par oui ou par non si les conditions préconisées par le comité scientifique (leur) semblent réunies pour tenir les deux scrutins” (régionales et départementales, ndlr). Une initiative qui alimente de nombreux soupçons chez les partisans du maintien, qui voient dans ce courrier la volonté de se trouver un prétexte pour reporter. 

“Une manœuvre inacceptable”

“Il est toujours légitime que l’État prenne l’avis des maires. Mais, dans ces circonstances, cet avis ne saurait faire porter aux maires la responsabilité d’une décision qui relève entièrement de celle de l’État”, note dans un communiqué l’Association des maires de France (AMF), présidée par François Baroin. “C’est à lui d’offrir la protection sanitaire qui permet de tenir les bureaux de vote et aux citoyens de voter en toute sécurité”, poursuit l’association, qui avait déjà fait savoir à Jean Castex qu’elle était favorable au maintien. Un message qui, selon Politico, a aussi été personnellement envoyé à Emmanuel Macron par le maire de Troyes.

Sur Twitter, plusieurs élus favorables au maintien sont également montés au créneau, à l’image de l’ancien ministre socialiste (engagé dans la campagne des Hauts-de-France) Patrick Kanner, qui dénonce “une manœuvre inacceptable”. Dans un mail envoyé au préfet du Nord, le président du groupe PS au Sénat “dénonce avec force cette instrumentalisation des maires” de la part d’un “gouvernement qui a peur de la sanction démocratique”. 

Le député écolo Matthieu Orphelin, tête de liste en région Pays de la Loire, dénonce de son côté un “dernier coup de bonneteau” de la majorité, alors que le Conseil scientifique juge que le scrutin peut se tenir et que les associations d’élus locaux ont déjà donné leur feu vert. “Un véritable coup de force gouvernemental est en cours, ce soir, auprès de l’ensemble des maires de France”, cingle pour sa part le maire LR de Chalon-sur-Saône Gilles Platret, dans un billet publié sur Facebook . 

Pour ce dernier, l’exécutif cherche à “mettre une inadmissible pression sur les épaules des maires alors même que c’est à l’État que revient la charge d’organiser les élections”. Une initiative qui vise selon lui à “repousser les élections régionales après la présidentielle, pour ne pas avoir à subir la défaite annoncée”. 

Du côté de la majorité, on défend au contraire la pertinence de cette initiative. “À partir du moment où les élus locaux recommanderaient que cette élection puisse être décalée, alors je pense qu’il faudra suivre leur avis”, a justifié ce samedi la députée LREM des Yvelines, Aurore Bergé.

De son côté, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand s’est prononcé dans la semaine pour un report au mois d’octobre, alors que son homologue du Sénat, Gérard Larcher plaide pour un maintien. Un débat portant sur cette question est prévu devant les deux chambres mardi et mercredi. À l’issue de ces discussions, l’exécutif fera connaître sa décision, laquelle aura, quoi qu’il en soit, très peu de chances de faire consensus. 

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