LOUVRE - La présidente du Musée d’Orsay, Laurence des Cars, a été choisie pour remplacer Jean-Luc Martinez à partir du 1er septembre à la tête du Louvre qu’il dirigeait depuis 2013, a indiqué ce mercredi 26 mai l’Elysée, confirmant une information de France Inter.
Laurence des Cars, 54 ans, sera la première femme à accéder à la tête du plus grand musée du monde. Elle dirigeait le Musée d’Orsay depuis quatre ans.
Cette historienne de l’art du XIXe siècle et du début du XXe siècle a été remarquée pour son dynamisme, avec notamment le chantier “Orsay Grand ouvert” visant à agrandir la programmation et les espaces. Elle a mis l’accent sur la diversité, les questions de société, l’importance d’attirer les nouvelles générations. En 2019, l’exposition “le modèle noir” avait été particulièrement remarquée.
Le Louvre, 10 millions de visiteurs en 2019
Jean-Luc Martinez, 57 ans, historien et archéologue spécialiste des antiquités grecques, briguait un troisième mandat et assurait l’intérim de l’établissement public depuis le 13 avril.
Très sensible à l’accès au Louvre de tous les publics, luttant contre l’élitisme, il a réorganisé et aménagé le musée pour le rendre plus accueillant. Pendant son mandat, le nombre de visiteurs a dépassé les 10 millions de visiteurs en 2019, avant la pandémie de coronavirus, un record mondial.
Le choix final de la nomination des présidents des grands musées publics comme le Louvre, Versailles, Pompidou ou Orsay, revient au président de la République.
De conservatrice à directrice
Fille du journaliste et écrivain Jean des Cars, petite-fille du romancier Guy des Cars, cette spécialiste de l’art du XIXe et du début du XXe siècle se veut une directrice de son temps, se mobilisant pour un accès plus large des jeunes au musée, pour les restitutions d’œuvres spoliées par les nazis ou encore pour des expositions en lien avec des débats d’actualité.
Laurence des Cars a été notamment derrière l’expo-évènement “Le modèle noir” en 2019 au musée d’Orsay, qu’elle préside depuis quatre ans et qui connaît un succès tel qu’elle a décidé d’en élargir les espaces.
Après des études d’histoire de l’art à l’université Paris IV-Sorbonne et à l’École du Louvre, elle intègre l’École nationale du patrimoine et prend son premier poste de conservateur au musée d’Orsay en 1994, où elle demeure jusqu’en 2007.
C’est durant cette période qu’elle est commissaire de plusieurs expositions en collaboration avec des musées internationaux, comme le Metropolitan Museum of Art, la Royal Academy of Art de Londres ou le musée Thyssen à Madrid.
Elle est nommée directrice scientifique de l’agence France-Muséums en juillet 2007, opérateur français chargé du développement du Louvre Abu Dhabi puis promue dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011.
Son parcours prend un nouveau tournant lorsqu’elle est nommée en 2014 directrice du musée de l’Orangerie puis en 2017 du Musée d’Orsay.
“Regarder l’Histoire en face”
Sous son mandat, le nombre de visiteurs d’Orsay, l’un des plus grands musée d’Europe pour la période allant de 1848 à 1914, n’a cessé de croître: jusqu’à 3.700.000 visiteurs en 2019, avec un niveau d’auto-financement atteignant 64%.
En pleine pandémie, la directrice se lance dans “Orsay grand ouvert”, un projet qui va élargir le musée, grâce notamment à un don de 20 millions d’euros d’un mécène américain resté anonyme.
Objectif: plus d’espaces d’expositions, un centre éducatif de 650 m2 et un centre de recherches ouvert à l’international qui sera inauguré en 2024, une dimension chère à l’historienne. Elle pratique de nombreux prêts en région. “En 2019, plus de 600 œuvres que nous conservons ont été vues, d’Ornans à Giverny”, affirmait-elle en 2020 au Figaro.
Lors d’un entretien avec l’AFP en avril, elle soulignait sa vision d’un musée dont la programmation serait ancrée “au sein des grands enjeux de société, en attirant ainsi les nouvelles générations”.
“Dans un monde qui peut chahuter, rejeter le musée”, elle veut s’adresser aux “visiteurs de tous les âges et de toutes les origines socio-culturelles”.
Sous son impulsion, le ministère de la Culture lance la procédure de restitution du tableau de Gustav Klimt, “Rosiers sous les arbres”, conservé au musée d’Orsay, aux ayants droit de Nora Stiasny qui en a été spoliée à Vienne en août 1938 par les Nazis.
Rosiers sous les arbres est le témoin de ces vies qu'une volonté criminelle a obstinément cherché à faire disparaître.
— Roselyne Bachelot (@R_Bachelot) March 15, 2021
La restitution à venir est une reconnaissance des crimes subis par les familles Zuckerkandl et Stiasny, et le juste retour d’un bien qui leur appartient #klimtpic.twitter.com/27oo7Wr81H
“Un grand musée se doit de regarder en face l’Histoire, y compris en se retournant sur l’histoire même de nos institutions”, avait-elle commenté à l’AFP.
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