JO de Paris 2024: Blanquer veut faire de la France "une nation plus sportive"

Avant les JO 2024, Blanquer -ici le 2 février 2021- veut faire de la France

POLITIQUE - Le compte à rebours est lancé. Dans trois ans, le 26 juillet 2024, s’ouvriront à Paris les 33e Jeux olympiques de l’histoire. Une course contre la montre pour les champions, dont certains ont déjà pris date, mais également pour les pouvoirs publics qui rivalisent d’ambitions autour du projet.

Pour Jean-Michel Blanquer, “il est évident que le grand héritage, ça doit être de devenir une nation plus sportive que ce que nous sommes.” Invité d’Europe 1 ce lundi 9 août, au lendemain de la cérémonie de clôture des Jeux de Tokyo, le ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports a formulé le voeu de “remettre tout le monde au sport.”

“Le sport, c’est décisif pour notre santé et ça prend encore plus d’acuité dans le contexte sanitaire actuel”, a-t-il rappelé en promettant une “campagne” en ce sens pour la mi-août et un accent particulier mis sur l’école. Ce qui, à en croire certains, ne sera pas de trop. 

Blanquer renvoyé dans les cordes

Alors qu’il vantait, sur Twitter, les mérites de l’EPS (Éducation physique et sportive) dans le système scolaire pour expliquer, en partie, le triomphe des équipes de sports collectifs au Japon, Jean-Michel Blanquer a été repris de volé par deux médaillés. “J’ai quand même rarement fait du basket à l’école, mais tranquille”, a par exemple réagi le vice-champion olympique Vincent Poirier, quand le ministre louait, sur Twitter, “la qualité de l’enseignement de ces sports à l’école.”

“Saluons le travail des enseignants d’EPS et la bonne collaboration avec les fédérations”, écrivait également le ministre. Des félicitations un brin rapides, selon Vincent Gérard, le gardien de l’équipe de France de hand, médaillée d’or à Tokyo. “Comme le reste de l’enseignement d’ailleurs, les moyens ne sont pas là”, a-t-il soufflé, regrettant, toujours sur les réseaux sociaux, le manque de considération pour le sport à l’école. 

Dans le même couloir, la nageuse Marie Wattel, sixième du 100 m papillon au Japon, s’est elle aussi fendue d’un tweet humoristique: “J’hésite à reprendre les cours d’EPS du coup pour Paris 2024.”

Qu’importe les critiques. Pour le ministre, les performances historiques de Rudy Gobert, Nicolas Karabatic, Cléopatre Darleux ou Earvin Ngapeth “montrent que le système scolaire, dans la durée, a beaucoup d’importance non seulement pour l’ensemble de la population, mais même pour l’élite du sport”, a-t-il encore martelé sur Europe 1.

C’est pourquoi Jean-Michel Blanquer dit faire de l’activité physique à l’école “son combat principal”, avec “celui de la lecture et des savoirs fondamentaux ” à l’heure où “les enfants font moins de sport et moins de lecture parce qu’ils sont trop sur les écrans.”

L’ancien recteur promet donc, entre autres dispositifs, l’EPS comme enseignement de spécialité au lycée, un futur bac pro sport ou la labellisation d’établissements “Génération 2024.” Le tout, sans oublier ce qui semble être la pierre angulaire de sa stratégie: l’opération “30 minutes de sport par jour” à l’école primaire, lancée en février dernier, que le ministre espère voir prendre de “l’ampleur” pour cette rentrée.

Quelle place pour le sport à l’école?

Un dispositif soutenu par le champion Tony Estanguet, président de Paris 2024 qui en vantait les mérites, dimanche, dans les colonnes du Parisien

Mais est-ce vraiment nouveau? Selon les programmes du ministère, les écoliers, dans le primaire, doivent bénéficier d’un volume horaire de 108 heures de sport par an. Soit, pour une année scolaire avec 36 semaines de cours, un total de 3 heures par semaine, à répartir sur les différents jours, comme l’indiquent les recommandations. Ce qui, dans le détail, donne 45 minutes d’activité physique quotidienne (pour les semaines de quatre jours), 36 minutes si on compte le mercredi matin. 

Un chiffre qui est donc supérieur à celui mis en avant par Jean-Michel Blanquer. Mais plus globalement encore, la France part de loin. Les médaillés olympiques ne sont pas les premiers -ni les derniers sans doute- à pointer du doigt le dysfonctionnement du système scolaire pour ce qui est du sport. Dans un rapport -très critique- publié en septembre 2019, la Cour des comptes fustigeait la “carence manifeste” dont souffre “l’éducation physique et sportive dans le primaire”. Dans le secondaire, “l’évaluation des résultats est inexistante”... et quand de rares objectifs sont fixés, ils ne sont pas atteints. 

Parmi les chiffres éloquents du rapport: en 2019, “48% des élèves ne savaient pas nager à l’entrée en sixième alors que la noyade est la première cause de mortalité par accident des moins de 15 ans.” Pour l’institution, les choses sont assez limpides: “la France se distingue en Europe par son absence de stratégie” en la matière. Une sorte de médaille d’or qu’il serait opportun d’enlever, à quelques mois, maintenant, des Jeux olympiques de Paris. 

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