PASS SANITAIRE - Parmi les 237.000 opposants au pass sanitaire recensés dans les rues en France le samedi 7 août, ils étaient 3800 personnes à défiler à Metz. Parmi eux, une femme arborant une pancarte antisémite a particulièrement choqué les internautes et une partie de la classe politique.
On peut y lire une liste de noms de personnes désignées comme des “traîtres”, tels qu’Olivier Véran, sa prédécesseure au ministère de la Santé, Agnès Buzyn, le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius ou encore la famille Rotschild ou l’homme d’affaires et propriétaire de médias français Patrick Drahi. Des noms accompagnés du slogan en lettres rouge, “Mais qui ?, surmonté de deux cornes du diable.
⚫️ "Qui ?", cette nouvelle manière d'afficher - et d'assumer - son antisémitisme (https://t.co/ONIGCiBCCF). Des noms pour dénoncer ? Des cornes pour diaboliser ? 👉 Des tribunaux pour juger ⚖️ #Manifs7aoutpic.twitter.com/XczyU2Nqvn
— Licra (@_LICRA_) August 7, 2021
Ce slogan, comme l’a raconté Libération dans un récent article, tire ses origines d’une interview datée du 18 juin dernier, sur Cnews. Le communicant Claude Posternak interrogeait Dominique Delawarde, un des signataire de la tribune dite “des généraux”, lui demandant “qui contrôle” la “meute médiatique”.
À la retraite depuis les milieux des années 2010, le général avait alors souri: “Vous savez bien qui contrôle la meute médiatique dans le monde et en France”. “Qui contrôle le Washington Post, le New York Times, chez nous BFMTV et tous les journaux qui viennent se grouper autour, qui sont ces gens...?”, faisait mine de s’interroger l’ex-militaire.
“Qui?”, avait alors insisté très énervé Claude Posternak. “C’est la communauté que vous connaissez bien”, avait alors répondu Dominique Delawarde. Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour “diffamation publique” et “provocation à la haine et à la violence”.
Un slogan retrouvé dans les manifs anti-pass sanitaire
Depuis, cette question “Qui?” est devenu un slogan dans les manifestations anti-pass sanitaire. Libération raconte que plusieurs pancartes ont notamment été aperçues dans les rassemblements des 17 et 24 juillet.
Selon nos confrères, un YouTubeur d’extrême droite a d’ailleurs interrogé des participants au rassemblement du 31 juillet au Trocadéro, à Paris. “Une vidéo montée, débordant de clichés antisémites -l’intervieweur y parle ‘d’empoisonneurs de puits’, soit une périphrase désignant les Juifs, tout droit sortie du Moyen Âge- qui a été vue plus de 10.000 fois depuis sa publication dimanche 25 juillet”, note Libération.
Ce slogan, cette fois-ci observé sur une pancarte à Metz, a provoqué l’indignation d’une partie de la classe politique. “Alors certains n’auraient rien appris ni retenu des drames proches du 20e siècle ?? C’est consternant et révoltant (...)”, a écrit sur Twitter Geneviève Darrieussecq, ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants. Que la justice ne laisse rien passer”.
Des poursuites pénales envisagées
“L’antisémitisme a tué hier et tue encore aujourd’hui, s’est, elle, indignée la secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations Élisabeth Moreno. L’antisémitisme n’est pas une opinion. C’est un délit, qui doit être condamné systématiquement (...)”.
“Il y a chez ces manifestants un antisémitisme assumé”, a tweeté la députée européenne et ex-ministre Nathalie Loiseau. “L’antisémitisme à visage découvert. Ignoble. Glaçant. Et passible de poursuites, évidemment”, a écrit de son côté le délégué général du parti En Marche Stanislas Guérini. “L’État, la justice et la société ne doivent rien laisser passer”, a abondé l’ancien Premier ministre Manuel Valls dans un tweet.
″Épouvantés d’une telle expression de la haine antisémite la plus abjecte dans les rues de Metz dans la quasi-indifférence. Cette apparente impunité est insensée!”, a également réagi l’ambassade d’Israël en France.
La Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme a annoncé saisir “sa commission juridique afin d’examiner si des poursuites pénales sont envisageables”.
Lors de ces rassemblements anti-pass sanitaire, certains manifestants avaient également arboré des ”étoiles jaunes”, symboles de la persécution des juifs et des crimes nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
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