Amenés à s’intégrer en société, les réfugiés et demandeurs d’asile doivent impérativement apprendre la langue française pour évoluer. Des associations d’accueil, avec Initiales, ont mis en place un atelier socio-culturel pour apprendre les premiers mots à travers la musique.
La musique est une langue universelle. On peut communiquer avec elle dans le monde entier, et être compris. À travers elle, on peut découvrir une langue et une culture. Vincent Bardin et Thierry Beinstingel, respectivement musicien et écrivain, se sont emparés des vertus de la musique pour apprendre le français à une petite quinzaine de résidents et demandeurs d’asile, principalement originaires d’Afghanistan et de Somalie.
Cet atelier a été mis en place par l’HUDA (hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile) et de l’AATM (association pour l’accueil des travailleurs et des migrants) en partenariat avec Initiales, une association qui cherche l’accès à l’autonomie, à la culture et à la citoyenneté des personnes vivant des difficultés dues, entre autres, à l’illettrisme.
Le directeur pédagogique régional de cette dernière, Edris Abdel-Sayed, souligne : « Il fallait faire découvrir la langue française et les institutions à ces jeunes autrement. L’objectif était avant tout d’accompagner ces réfugiés et demandeurs d’asile dans leur intégration. En ce sens, la musique est bénéfique à plusieurs dimensions, l’une étant d’être créatrice de lien social, tout en véhiculant une culture ».
Instruments
Les deux artistes intervenants sont allés jusqu’à la création d’instrument de musique, des tambours et des instruments constitués de boîtes de conserve et d’une seule corde. « Pendant la fabrication, nous pouvions leur faire découvrir des mots dès lors qu’on touchait à un nouvel objet, un nouvel outil », explique Thierry Beinstingel.
À Vincent Bardin d’ajouter : « La musique nous permet aussi d’apprendre les chiffres et les couleurs. Sur l’instrument, une note correspondait à une couleur par exemple. On apprend des mots courants, ce qui a permis aux jeunes d’être davantage en contact avec la langue, puis de gagner en aisance et en fluidité ». Les deux s’accordent aussi à dire que, une fois confiants, ils pouvaient assimiler les gestes au langage.
Calculer, mesurer, lire des consignes, semble être des choses simples, mais sont indispensables à toute intégration, sociale comme professionnelle. « Apprendre tout cela de manière pragmatique et concrète grâce aux instruments et la musique donne une autre vision pour appréhender la langue française », poursuit Edris Abdel-Sayed. « Ils ont pu chanter, jouer avec les mots. Ils ont trouvé le goût des mots. »
Confidence
Cet atelier a été pensé comme un moyen de substitution aux cours de langue qui se sont très peu déroulés à cause de la Covid. « Nos résidents et demandeurs d’asile ont une réelle envie de s’implanter ici, en France, et sur Chaumont pour certains. Et cela passe par l’apprentissage de la langue française », pose Angélique Recht, responsable de l’HUDA.
Pour elle, ce projet d’atelier socio-linguistique est une force dans le sens où il est plus ludique et plus personnel. « Les jeunes ont dû se confier sur leur expérience passée, et leur vision de l’avenir », poursuit-elle. « Il y a eu des moments d’échanges et conviviaux avec des personnes extérieures de l’association que sont Thierry Beinstingel et Vincent Bardin, et qui se sont intéressés à eux. Naturellement, ils se sont confiés. »
Ce travail s’est déroulé sur onze séances, d’avril à juin. Hier, partenaires, porteurs de projets, résidents et demandeurs d’asile ont été conviés à l’Espace Bouchardon. Un film retraçant l’évolution de l’atelier a été projeté.
Joffrey Tridon
L’article Chaumont – De jeunes réfugiés apprennent la langue française grâce à la musique est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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