Prise de risques – L’édito de Patrice Chabanet

L’efficacité d’une nouvelle équipe gouvernementale ne s’apprécie pas seulement à l’aune des domaines de compétences de chaque ministre. Elle est tributaire de leur profil, de leur comportement et de leur charisme. Dans ce domaine, des têtes émergent très vite. La nomination d’Eric Dupond-Moretti en est la plus parfaite illustration. L’homme a son franc-parler. Il ne sera pas pliable aux injonctions qui ne lui paraîtront pas en harmonie avec ses convictions. Son entrée dans le gouvernement coïncide avec la plainte qu’il vient de déposer contre les magistrats qui ont diligenté le recensement des écoutes téléphoniques en marge de l’affaire Sarkozy. Un contexte qui risque de rendre épique la réforme de la magistrature, à savoir la séparation du parquet et du siège. Le chef de l’Etat et le Premier ministre savaient tout cela avant de le nommer. Ils ont sans doute jugé que le risque était moindre que la présence d’une forte personnalité, très populaire au demeurant, qui donnera du peps au nouveau gouvernement par rapport au précédent, terne et composé souvent de ministres anonymes.

L’autre surprise est le retour à la politique de Roselyne Bachelot. L’ancienne ministre de la santé, traînée dans la boue dans l’affaire des vaccins antigrippaux, assure un come-back remarqué. Elle aussi conserve un franc-parler qu’elle a aiguisé lors de son passage dans les médias: humour assuré et mépris de la langue de bois. La nomination d’une personnalité emblématique comme Roselyne Bachelot vient réparer l’oubli dont a été victime la culture pendant la crise sanitaire, coincée entre la pandémie et la catastrophe économique.

Quant à l’Intérieur, le sort de Christophe Castaner était scellé depuis longtemps. Son remplaçant, Gérald Darmanin, lorgnait sur le poste. Il l’a eu. Une seule ombre au tableau : un dépôt de plainte contre lui. Mais Emmanuel Macron et Jean Castex ont dû juger suffisantes ses explications. Gérald Darmanin aura du pain sur la planche. Le mécontentement des policiers va lui rappeler très vite qu’il y a un énorme fossé à combler.

Des chefs de chantier ont été désignés. Il leur reste à prouver leurs compétences et leur réactivité dans un contexte anxiogène, sachant qu’il ne peut plus y avoir un nouveau remaniement ministériel avant 2022. En termes clairs, plus de droit à l’erreur.

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