CORONAVIRUS - Enjeux diplomatiques sur fond de pandémie internationale. Le vaccin russe Spoutnik V attend toujours le feu vert de l’Agence européenne des médicaments (EMA) avant de pouvoir être déployé dans l’ensemble des 27 pays membres de l’Union européenne.
Moscou et Bruxelles continuent de s’affronter sur la question de la lenteur supposée du régulateur européen basé à Amsterdam, voici un point de la situation:
Le processus décisionnel de l’EMA
Selon l’EMA, Spoutnik V est soumis au même processus décisionnel que tous les autres vaccins Covid-19. La première étape consiste en un “examen continu” des données et des essais cliniques. Une demande officielle d’autorisation de mise sur le marché conditionnelle d’un an doit suivre.
“Ils doivent soumettre l’ensemble des données, passer en effet par l’intégralité du processus de contrôle, comme tout autre vaccin”, a déclaré le 17 février la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à propos de Spoutnik V.
Le temps écoulé entre l’examen continu et l’autorisation a, jusqu’à présent, été compris entre deux et quatre mois. Pour le moment, trois vaccins sont autorisés dans l’Union européenne: ceux de Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca.
Un quatrième, celui de Johnson & Johnson, est soumis à une demande d’autorisation. Deux autres, ceux de Novavax et CureVac, ont entamé leur processus d’examen continu.
Que dit l’EMA sur Spoutnik V?
L’Agence européenne des médicaments insiste sur le fait que Spoutnik n’a même pas encore entamé la phase d’examen continu.
L’Agence européenne des médicaments n’a, à ce jour, reçu aucune demande d’examen continu ou d’autorisation de mise sur le marché pour le vaccin Spoutnik V, “malgré des reportages affirmant le contraire”, a-t-elle déclaré dans une “clarification” datée du 10 février.
Le régulateur a confirmé par courriel à l’AFP que la situation n’avait pas changé le 18 février.
Il a également déclaré que les experts de l’EMA eux-mêmes “doivent d’abord donner leur accord avant que les développeurs ne puissent soumettre leur demande d’accès au processus d’examen continu”.
L’EMA a cependant déclaré qu’une demande “d’avis scientifique” a été déposée pour Spoutnik V, afin de préparer une éventuelle demande d’autorisation de mise sur le marché.
Elle a également confirmé qu’une réunion a eu lieu le 19 janvier afin de discuter d’un “engagement supplémentaire”.
Que disent les Russes?
Les autorités russes se targuent de l’adoption du vaccin par environ 30 pays ainsi que d’une étude de la revue scientifique The Lancet selon laquelle Spoutnik-V est efficace à 91,6% contre les cas symptomatiques de Covid-19.
Les développeurs et les soutiens de Spoutnik V insistent sur le fait qu’une demande d’examen continu a été soumise.
Le fonds souverain russe, qui a participé au développement du vaccin, a quant à lui déclaré que les autorités russes ont “déposé une demande d’enregistrement” le 19 janvier.
Le fonds a également rejeté les rapports “mal dirigés” selon lesquels, après que le compte Twitter de Spoutnik a publié un prétendu dépôt d’enregistrement, il s’est avéré qu’il avait été envoyé à la mauvaise agence.
Le fonds a insisté sur le fait qu’il “travaillait avec l’EMA pour lancer un examen continu” et a déclaré que l’agence avait, il y a quelques jours, “nommé des rapporteurs pour le dossier Spoutnik V”.
Spoutnik est-il traité de la même manière que les autres vaccins? -
Comme il s’agit du premier vaccin développé par un pays non occidental, déployé dans l’Union européenne, de hauts responsables ont déclaré que les sites de production de Spoutnik en dehors de l’UE devraient être inspectés.
“Ils ne produisent pas en Europe, il devrait donc bien sûr y avoir un processus d’inspection sur les sites de production”, a déclaré Ursula von der Leyen le 17 février.
Entre-temps, Bruxelles s’est montrée méfiante envers des vaccins russes et chinois, craignant que Moscou et Pékin ne tentent de s’en servir comme d’un outil leur permettant d’étendre leur influence dans l’Union européenne:
Ursula Von der Leyen s’est, elle-même, interrogée sur les raisons qui poussent Moscou à autant souhaiter le déploiement du vaccin dans l’UE.
“Globalement, je dois dire que nous nous demandons toujours pourquoi la Russie propose en théorie des millions et des millions de doses, sans pour autant faire suffisamment de progrès dans la vaccination de sa propre population”, a-t-elle déclaré.
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