"Je ne suis pas une salope": Nathalie Iannetta cible "le système" et pas Pierre Ménès

Nathalia Ianetta lors de la soirée de rentrée de Canal + en 2012 (photo d'archives)

MÉDIAS - “Une défaite sur toute la ligne”. C’est avec ces mots que Nathalie Iannetta qualifie, dans une tribune auMonde publiée ce samedi 27 mars, les discussions qui ont suivi la diffusion sur Canal+ du documentaire de Marie Portolano, “Je ne suis pas une salope je suis une journaliste”. Elle a rappelé qu’il ne s’agit pas du procès d’un seul homme, Pierre Ménès, ni d’une volonté “de détruire quelqu’un” mais plutôt de “déconstruire un système”. 

Après la diffusion sur Canal+ du documentaire la semaine dernière, les critiques ont été nombreuses sur les réseaux sociaux pour dénoncer le chroniqueur du Canal Football Club, Pierre Ménès, notamment au travers des hashtags #BalanceTonPorc ou encore ou encore #PierreMenesOut. Le site Les Jours a également révélé que des scènes où Pierre Ménès était confronté à des affaires d’atteintes sexuelles par Marie Portolano avaient été coupées par la direction de la chaîne. 

Pour l’ancienne journaliste de Canal+, actuellement chez TF1, il faut avoir suffisamment de recul pour condamner “la domination des hommes” et non un seul. “Quand un homme se comporte mal, c’est un problème de comportement. Quand ce comportement est couvert par un système, ça devient un problème de système. Partout. Tout le temps. Certes, on pourrait se contenter d’un ‘bah tant pis, après tout, pour que les choses changent, il faut en passer par là‘. Or, ce ‘il faut en passer par là’, c’est justement ce contre quoi on se bat”, a-t-elle poursuivi. 

Nathalie Iannetta a insisté sur “la domination” liée à un système que “les femmes de tous les milieux vivent et subissent depuis des millénaires”. “Va-t-on continuer encore longtemps de faire semblant de tout mélanger? Non, nous ne dénonçons pas ‘les hommes’. Nous dénonçons un système dominé par les hommes”, a-t-elle encore ajouté. 

L’espoir de la nouvelle génération 

“Rien, pendant longtemps, n’est venu perturber ce petit monde. Ceux qui le composent en sont-ils responsables?”, questionne-t-elle. “Peut-on admettre qu’ils ne le sont pas d’emblée, mais qu’ils le deviennent? Mais qui ‘ils’? Tous? Évidemment non. Mes premiers patrons par exemple ont tous été des hommes formidables. Sans eux, je n’en serais pas là. Mais leur comportement normal (qu’accessoirement j’ai tendance à qualifier d’exemplaires!), ce comportement impeccable, disons, suffit-il à absoudre tous les autres manageurs fautifs? Non. Jamais. Pas plus avant qu’aujourd’hui”.

“Les hommes visés par ce documentaire (...) ou balancés sur les réseaux sociaux à l’occasion de certains hashtags, ne sont nullement victimes d’une époque qui aurait changé”, poursuit l’ex-conseillère jeunesse et sport de François Hollande. “Ils sont au contraire coupables de vouloir coûte que coûte rester ce qu’ils sont, au nom d’un passé qu’ils invoquent pour se couvrir, mais qui en réalité, dysfonctionnait déjà. Est-ce plus clair? On ne veut détruire personne. On veut juste déconstruire un système.”

Et de conclure par un message d’espoir: l’espoir est incarné par “la nouvelle génération, hommes et femmes, est en route vers cette révolution que les conservateurs vont continuer de refuser (...) Il en reste : un immense espoir de changement. À une condition : que les coupables ne bénéficient plus de la complicité du système.”

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