Dramatisation – L’édito de Patrice Chabanet

Les directeurs d’hôpitaux prennent les devants. L’Ile-de-France est sur le point d’être submergée par la vague du coronavirus. Un avertissement sans frais. L’alerte est frontale et précise : il faudra trier les malades susceptibles d’être admis en réanimation. Trier, le mot est lâché. Il fait peur car il renvoie à la décision médicale la plus terrible : lui, mais pas lui… Certes, ceux ou celles qui feront partie des non élus étaient déjà tout près du dernier voyage, à cause de leur âge ou d’une comorbidité avancée. Mais cette éventualité passe mal. Tout simplement.

L’alerte n’est pas le fruit de la seule lecture de statistiques en hausse permanente. Elle est destinée à faire plier le chef de l’Etat, convaincu que le pic est là et que bientôt, très bientôt, le retournement de tendances sera à portée de vaccins.

A quoi assiste-t-on en fin de compte ? Au télescopage de deux conceptions. Celle des spécialistes qui voient notre pays foncer tête baissée dans le mur. Celle du chef de l’Etat, d’autant plus droit dans ses bottes qu’il se sent défié. En termes d’image, car nous vivons dans un monde dominé par la communication, l’avantage revient aux soignants : ils sont en prise directe avec le mal. Ce sont des sachants. Emmanuel Macron, lui, passe pour plus préoccupé par la dimension politique de la crise. Surtout, ne pas se déjuger, par rapport à la promesse faite aux Français : il n’y aura pas de reconfinement sur l’ensemble du territoire.

Le temps, il faut en être conscient, départagera ces deux points de vue inconciliables. C’est une affaire de quelques jours. Soit, la situation s’améliore dans les services de réa. Soit, c’est le grand plongeon dans le pire qu’il puisse y avoir dans les hôpitaux, le tri. Une alternative redoutable, quel que soit le camp qui aura eu raison.

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