Au Nigeria, plus de 1800 détenus s'évadent après l'attaque d'une prison

(photo d'illustration de la police nigériane mobilisée lors d'une manifestation à Lagos en Octobre 2020)

INTERNATIONAL - Plus de 1800 détenus se sont échappés ce lundi 5 avril d’une prison de l’État d’Imo, dans le sud-est du Nigeria, après une attaque perpétrée par “des hommes armés”, ont déclaré les services pénitentiaires nigérians.

“La prison d’Owerri (...) a été attaquée vers 02H15 du matin lundi par des hommes armés non identifiés qui ont libéré de force 1844 détenus”, a indiqué dans un communiqué le porte-parole des services pénitentiaires nigérians, Francis Enobore. “Des témoins ont raconté avoir vu un nombre important d’hommes armés à bord de pick-ups (...), ils ont aussitôt attaqué le personnel de la prison avant de faire exploser la porte principale”, explique ce communiqué.

 

De son côté, le chargé de communication des prisons de l’État d’Imo, James Madugba, a confirmé l’attaque et affirmé que la “situation est sous contrôle”, invitant les habitants à “continuer à vaquer à leurs affaires”.

L’État voisin d’Abia a mis en place un couvre-feu de 22H00 à 06H00 du matin suite à cette attaque, la plus importante contre une prison dans l’histoire récente du pays.

Le président Muhammadu Buhari a condamné cette attaque qualifiant ses auteurs de “terroristes” et “d’anarchistes”, sans toutefois nommer l’IPOB (The Indigenous People of Biafra), le groupe indépendantiste du Biafra, où se trouve l’État d’Imo.

Les indépendantistes de la région nient être impliqués

Le mouvement de l’IPOB affiche toujours des velléités séparatistes et a récemment montré des vidéos très impressionnantes d’une nouvelle milice (baptisée “Réseau sécuritaire de l’Est”, ESN), dans lesquelles on peut voir des dizaines, voire des centaines de combattants à l’entraînement.

Fin janvier des violences avaient éclaté entre l’armée et des communautés locales, faisant au moins un mort.

Les tensions restent fortes entre les groupes indépendantistes biafrais et le pouvoir central, 50 ans après la terrible guerre civile (1967-1970) qui a fait près d’un million de morts, en majorité issus de l’ethnie igbo.

Néanmoins, le porte-parole du groupe, Emma Powerful, a réfuté tout lien avec cette dernière attaque, dans un communiqué envoyé à l’AFP, qualifiant toute information les accusant de “mensongères” et “fallacieuses”.

Le système judiciaire nigérian est particulièrement corrompu et lent, et plus de 70% des détenus n’ont jamais eu de procès. Des dizaines de milliers d’entre eux croupissent, oubliés, derrière les barreaux des prisons à travers le pays. En octobre dernier, lors des manifestations contre les violences policières qui avaient dégénéré en émeutes, plusieurs prisons de l’État de Lagos avaient été attaquées mais aucun détenu n’avait réussi à s’enfuir, selon les autorités.

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