Le territoire du Parc, terre de Résistance



Bien avant la création du Parc national, le Sud-Ouest haut-marnais et le Châtillonnais ont été étroitement liés dans l’Histoire. C’était notamment le cas sous l’Occupation, où ce territoire a accueilli les états-majors de la Résistance de la Région Bourgogne et des deux départements de la Haute-Marne et de la Côte-d’Or.

Auberive, Giey-sur-Aujon, Châtillon-sur-Seine, Recey-sur-Ource… Des noms de lieux qui, aujourd’hui, évoquent le Parc national de forêts, initiative de développement associant deux départements, deux régions administratives. Sous l’Occupation, ce territoire était déjà mû par un projet commun : celui de la Résistance. Il est vrai qu’à cette époque, la Haute-Marne appartenait à la Région D, c’est-à-dire la région bourguignonne. Le chef régional des Forces françaises de l’intérieur (FFI), le jeune colonel Claude Monod, avait ainsi installé son état-major à Aignay-le-Duc, auprès de celui des FFI de Côte-d’Or. Le poste de commandement des maquisards haut-marnais, avec le colonel Emmanuel de Grouchy, n’était pas loin : à la ferme de La Salle puis à Auberive. A l’époque de la Libération, il y avait déjà de nombreux mois que les liens entre les deux départements se sont tissés dans la clandestinité. Les premiers maquis haut-marnais ne se créant réellement dans ce secteur qu’à partir de la fin juillet 1944, ce sont des groupes basés en Côte-d’Or qui ont d’abord opéré dans le département : celui de Montigny-sur-Aube, celui de Grancey-le-Château (Amilcar), celui de Recey-sur-Ource (Blonde).

Immense massif

A l’inverse, un des premiers groupes de réfractaires organisés à l’initiative des résistants de Chaumont, celui de l’adjudant Raymond Desmaret, du hameau de Montrot (Arc-en-Barrois), a été intégré en août 1944 dans le maquis Blonde. C’est ainsi que de nombreux volontaires de Chaumont, de Bologne, de Froncles ont rejoint cette unité qui fut basée vers Gurgy-la-Ville.

Lorsque l’ordre de guérilla générale dans toute la Région D a été lancé, le 23 août 1944, le territoire du futur Parc national, avec ses nombreuses forêts formant comme un immense massif, était devenu l’un des plus importants, en terme de nombre de FFI, de la région D. Côté Haute-Marne, les maquis Max (Auberive), Duguesclin et Gérard (Giey-sur-Aujon), la compagnie Aujon (Rouvres-sur-Aube) totalisaient 1 300 FFI. A eux seuls, neuf groupes implantés à proximité de la Haute-Marne, dans le Châtillonnais et dans la région de Selongey, réunissaient plus de 1 170 maquisards. La région comprise dans le triangle Is-sur-Tille – Chaumont – Châtillon-sur-Seine était donc particulièrement quadrillée par la Résistance.

Laquelle s’est révélée au grand jour dès le 6 juin 1944, surtout côté Côte-d’Or. On estime à 500 le nombre de patriotes qui se sont réunis en forêt de Châtillon (ce rassemblement sera lourdement éprouvé quatre jours plus tard : 37 morts), et à 200 ceux qui ont investi Recey-sur-Ource. Ultérieurement, lorsque les FFI bourguignons viendront lutter contre la garnison de Châtillon retraitant sur Langres, un groupe du maquis d’Auberive viendra en renfort, signe de la solidarité entre FFI des deux départements.

L. F.

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