POLITIQUE - C’est comme un rendez-vous tacite. L’automne comme point d’arrivée à une candidature commune, pour les plus rêveurs; à la prise de leadership par l’un des leurs pour les plus optimistes; à la clarification, en tout état de cause.
Alors que les différents partis de gauche se réunissaient une seconde fois ce lundi 24 mai par visioconférence pour auditionner des plateformes citoyennes qui souhaitent leur union, les partis, eux, sont encore loin de s’entendre.
Les régionales comme test avant 2022
Surtout à quelques semaines des élections départementales et régionales censées servir de test pour voir quelle formation est la mieux placée pour faire l’union autour d’elle en vue de 2022. “Je pense que les régionales vont nous aider à démontrer le rapport de force et à voir quelle est la force centrale à gauche. J’espère que ce sera le PS!”, confirme, enthousiaste, Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat qui soutient la liste d’union de la gauche dans les Hauts-de-France, emmenée par l’écologiste Karima Delli.
“Nous sommes concentrés sur les régionales, même si ce genre de réunions permet de nous parler”, ajoute Julien Bayou qui participait aux échanges du 24 mai. “On est chacun à des degrés divers de nos processus. Nous, on adopte notre base programmatique en juillet, c’est donc compliqué de discuter clairement avant”, poursuit le secrétaire national d’EELV.
Congrès du PS et primaire écolo en septembre
Viendront ensuite les traditionnelles journées d’été, chacun dans son coin, puis deux rendez-vous: le congrès du PS en septembre où Olivier Faure remet son mandat en jeu et la primaire des écologistes dont le financement et la tenue ont été adoptés par le conseil fédéral d’EELV.
À ce stade, trois personnes sont pressenties pour y concourir: Yannick Jadot, Éric Piolle et Sandrine Rousseau, la seule déclarée officiellement. “Il ne peut pas y avoir de clarification avant avec EELV et le PS car ils ont des rendez-vous en septembre”, explique Éric Coquerel qui n’entend pas poursuivre de discussions dans le cadre de ces réunions de toute la gauche organisées par Yannick Jadot, mais ne ferme pas la porte pour autant: “Aucune confrontation programmatique ne nous paraît de trop. Mais nous avons cru comprendre que vos projets seront connus après vos congrès et investitures. Nous verrons donc le moment venu ce que vous souhaitez faire”, écrivait-il dans une lettre aux autres participants en amont de la réunion du 24 mai.
Nous entamons des discussions entre partis pour être prêts à l'automneOlivier Faure, premier secrétaire du PS
Côté PS, on ne présente pas encore de candidat, même si Anne Hidalgo ne fait plus mystère de ses ambitions. “Une présidentielle, ça commence vraiment en février”, a-t-elle déclaré de manière ambiguë dansLe Figaro, le 21 mai, elle qui s’était donné jusqu’à “l’automne” pour prendre une décision après son tour de France et tenter de mobiliser, notamment dans les sondages où sa candidature ne décolle pas. “D’ici là, il m’appartient de travailler, de créer une dynamique, de faire entendre des voix nouvelles pour l’avenir du pays”, poursuit-elle chez nos confrères.
Olivier Faure, lui, veut continuer à discuter sur le fond avec les autres partis, avant de parler de candidature commune. “Nous entamons des discussions entre partis pour être prêts à l’automne. L’objectif est d’avoir un contrat de coalition pour gouverner pendant cinq ans. C’est le chemin pour une candidature commune”, fait-il valoir. “Avec les Verts, les discussions avancent bien”, note le premier secrétaire du PS.
À l’automne, les sondages feront forcément pression sur les candidatures qui ne décollent pas. Là, la clarification pourrait avoir lieu.Benoît Hamon, cofondateur de Génération.s
Beaucoup s’accordent pour convenir que le mode d’organisation de Yannick Jadot avec ces réunions de toutes les gauches n’est pas le bon pour parler programme ou candidatures. “Ces auditions sont utiles, mais si la presse est à l’entrée et à la sortie c’est plus compliqué d’avancer sereinement. On a des réunions bilatérales avec les forces qui le souhaitent, comme le PS, le PRG, le PCF et LFI et nous allons les accélérer cet été”, promet Julien Bayou, pour EELV.
Alors que Jean-Luc Mélenchon pour LFI et Fabien Roussel pour le PCF ont été désignés pour être candidats de leur parti respectif, les forces de gauche n’ont pas le même calendrier. Pas forcément non plus la même stratégie. “Ce n’est pas la même chose si Jadot ou Rousseau sort de la primaire, en attendant on discute un peu dans le vide...”, estime Éric Coquerel chez les Insoumis. Comprendre que certains candidats sont plus compatibles que d’autres pour une potentielle alliance avec LFI. “Bien sûr qu’on peut s’unir avec Jean-Luc Mélenchon, mais d’ici la primaire, il faut qu’on avance sur le projet avec tout le monde”, exprime Sandrine Rousseau, candidate déclarée à la primaire écologiste.
″À l’automne, les sondages feront forcément pression sur les candidatures qui ne décollent pas. Là, la clarification pourrait avoir lieu”, espère de son côté Benoît Hamon, le cofondateur de Génération.s qui ne s’est positionné pour aucun des partis en lice et attend surtout que ses idées portées en 2017 soient représentées.
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