Avec leurs outils de dentiste, leurs pinceaux et leur petite truelle, ils fouillent centimètre par centimètre, nettoient, creusent minutieusement. Loane, Rose, Victor-Nicolas, Leïna, Esther ou encore Evann font partie de la classe de 6e qui a choisi de suivre l’atelier archéologie au collège Anne-Frank de Saint-Dizier, cette année. Nous les avons suivis sur un chantier de fouilles.
La section, née en 2014 sous la houlette de Laurent Bastien, professeur d’histoire, cartonne. Elle a même été récompensée du prix du public en 2018, aux Journées nationales de l’innovation avec le projet “L’archéologie, un outil de réussite en Rep + (réseau d’éducation prioritaire)”.
Tout logiquement, elle a donc fait des émules dans le collège voisin Luis-Ortiz et au lycée Saint-Exupéry. « La classe compte 18 élèves de 6e. C’est une découverte qui passionne. Chaque année ou presque, nous sommes obligés de procéder à des sélections », explique Laurent Bastien. La prochaine session de rentrée affiche d’ailleurs déjà complet.
A raison de deux heures par semaine, ses élèves découvrent l’archéologie et ses trésors, ses astuces, ses techniques. Grâce à un partenariat tissé entre l’établissement scolaire bragard, la ville de Saint-Dizier et l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), ils bénéficient d’un encadrement de luxe. « Régulièrement, ils se rendent à des ateliers organisés par l’INRAP et rencontrent des experts passionnants », se réjouit Laurent Bastien.
Un simulateur de fouilles au collège
« On découvre des métiers, comme celui de lithicien, qui étudie les outils de pierre comme les silex », raconte le jeune Victor-Nicolas. Les collégiens ont également pu rencontrer des archéologues sous-marins ou des céramologues, spécialistes de la reconstitution de poteries. Leur luxe, c’est aussi de posséder, au sein du collège Anne-Frank, un module de simulation de fouilles, créé spécialement par l’archéologue Raphaël Durost, référent de la section.
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« C’est vraiment super de pouvoir travailler et partager notre savoir-faire avec les enfants », confie-t-il. Ce bac de 3 m x 2 m très profond ultra-réaliste permet d’apprendre les techniques de fouilles, environ 12 h sur l’année scolaire.
Dans cette classe originale, chacun met ses compétences au service de l’archéologie. « En musique, les élèves ont fabriqué des instruments préhistoriques. En maths, la symétrie est abordée à partir de mosaïques. En français, la classe bosse sur la rédaction d’un rapport de fouilles », confirme Laurent Bastien.
Témoins d’une incroyable découverte
Cerise sur le gâteau, les élèves s’ouvrent un accès privilégié, en juin, au site archéologique des Crassées, à Saint-Dizier. La semaine dernière, deux jours durant, ils ont ainsi pu côtoyer de vrais archéologues sur le chantier de fouilles et travailler à leurs côtés, comme des pros. « J’ai toujours rêvé d’être archéologue ! Etre ici, c’est génial », s’exclame Evann, aux anges. « Même si on sait que ce sont des ossements, on a l’impression de découvrir des trésors », abonde Esther.
Des ossements mais pas que. Tout récemment, l’équipe a mis au jour un sarcophage géant, qui constitue l’une des plus grosses découvertes sur le site depuis son ouverture. Laurent Bastien et ses collégiens ont assisté à une partie de la fouille et à l’excitation collective autour de l’événement. Témoins privilégiés de l’Histoire.
Delphine Catalifaud
d.catalifaud@jhm.fr
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