Vietnam bis – L’édito de Patrice Chabanet

La guerre en Afghanistan, c’est la chronique d’une défaite annoncée. L’officialisation du retrait américain, d’abord par Trump puis par Biden, consacre un fiasco militaire. Dessaisis du pouvoir en 2001, après l’attentat des Twin Towers, les talibans sont en passe de le reprendre. Ils tiennent les parties rurales du pays, ils occupent déjà des villes frontières et sont aux portes des capitales régionales. Kaboul tombera tôt ou tard, comme Saïgon est tombé au Vietnam. Il est toujours difficile d’établir le bilan de ce conflit. Le coût humain est incomparablement plus bas que lors des deux grands conflits du XXe siècle. Les Américains n’auraient perdu “que” 2 000 hommes (les Français 89). Quant au coût financier, il s’établirait autour de 800 milliards de dollars pour les seuls Etats-Unis, le pays le plus engagé. On ne peut donc pas parler d’une défaite en bonne et due forme, mais d’un repli honteux. Tout ça pour ça. Vingt ans d’intervention pour revenir au point initial : le retour d’un état terroriste en Afghanistan. L’échec des Soviétiques nous avait déjà donné de précieuses indications. L’aide apportée par les Américains aux talibans avait fait croire à leur gratitude. Grossière erreur. L’Afghanistan est devenu la base arrière du terrorisme international avec l’attaque meurtrière contre New-York.

Les grands perdants de l’aventure occidentale sont les Afghanes. Les filles ne pourront plus aller à l’école, comme c’est déjà le cas dans les zones contrôlées par les talibans. Les femmes adultes perdront le peu de droits qu’elles ont pu arracher et la lapidation sera la règle pour réprimer l’adultère. L’autre leçon de ce conflit interminable est que notre modèle de société n’est pas exportable, encore moins par la force et par une occupation ponctuelle du terrain. En reprenant les lieux de pouvoir et les infrastructures militaires les talibans deviendront à leur tour des cibles. A chacun son tour.

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