À Beyrouth, des patients atteints de cancer réclament des médicaments

BEYROUTH - Christine Tohme a appris qu’elle souffrait d’un cancer de l’ovaire en 2019. À l’époque, le système financier libanais a commencé à se fissurer. Deux ans plus tard, l’effondrement économique de son pays constitue une menace directe pour sa vie.

La quinquagénaire a été diagnostiquée d’un cancer du côlon de troisième stade en février dernier. Ayant subi une intervention chirurgicale, elle s’est ensuite vue prescrire six séances de chimiothérapie.

Mais avec les pénuries de produits de base qui touchent tous les aspects de la vie libanaise, elle a appris qu’il n’y avait aucune garantie qu’elle puisse terminer son traitement. Car les hôpitaux manquent de médicaments vitaux.

Jusqu’à présent, elle n’a pu réaliser que trois séances. Son cancer s’est métastasé dans ses ganglions lymphatiques et elle craint de n’avoir plus que quelques mois à vivre si elle ne peut pas terminer son traitement.

Pharmacies vides

Le cas de Christine Tohme n’est pas isolé. Jeudi 26 août 2021, un sit-in de protestation a été organisé à Beyrouth par des malades du cancer, des médecins et des organisations non gouvernementales. Avec l’espoir que cet appel provoque l’envoi de médicaments depuis l’étranger. 

Les professionnels de la santé libanais alertent depuis des mois sur la diminution des stocks de fournitures médicales vitales. Les rayons de nombreuses pharmacies sont vides alors que les réserves étrangères du pays s’épuisent en raison d’un système de subventions utilisé pour financer le carburant, le blé et les médicaments, qui coûte à l’État environ 6 milliards de dollars par an.

Ce mois-ci, la banque centrale a déclaré qu’elle ne pouvait plus financer les importations de carburant à des taux de change subventionnés, car ses réserves en dollars avaient été fortement épuisées.

“Le cancer n’attend pas”

Le docteur Joseph Makdessi, qui dirige le département d’hématologie et d’oncologie du centre médical universitaire de l’hôpital Saint George, estime qu’environ 10 % des patients atteints de cancer n’ont pas pu se procurer leur traitement au cours des deux derniers mois.

“Nous avons besoin d’une solution immédiate”, a déclaré Joseph Makdessi. “Je ne peux pas dire à mes patients qu’il s’agit d’une crise et leur demander d’attendre que cela se calme, car cette maladie n’attend pas.”

L’État libanais, profondément endetté, s’efforce de lever des fonds à l’étranger dans un contexte de paralysie politique et a progressivement supprimé de nombreuses subventions.

Certains traitements de chimiothérapie, qui peuvent coûter jusqu’à 5 000 dollars par séance, sont actuellement subventionnés de sorte que le patient paie environ 400 dollars, l’État prenant en charge le reste du coût.

“Même si vous supprimez cette subvention pour rendre le médicament disponible, de nombreux patients ne pourront pas se le permettre”, souligne le médecin.

Lors du sit-in du jeudi 26 août, les patients ont lancé un appel à quiconque pouvait les aider à obtenir une seconde chance dans la vie. 

À voir également sur Le HuffPost: Au Liban, les stations essence ouvertes provoquent d’interminables bouchons

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires