Covid, Afghanistan, GIEC... Face aux crises, la créativité une "position combative"

PSYCHOLOGIE - Le Covid, la crise écologique, les feux de forêt, l’Afghanistan, le Liban... La liste des mauvaises nouvelles n’a cessé de s’allonger pendant le mois d’août 2021. Comment ne pas baisser les bras face à l’ampleur des difficultés que nous rencontrons? 

Thierry Delcourt est psychiatre et pédopsychiatre. En 2018, il a écrit Quand la crise devient une chance, un livre pour comprendre que chacun d’entre nous détient en soi un potentiel créatif pour affronter les crises. L’idée n’est pas de positiver à tout prix, mais de pouvoir transformer ces murs qui nous font face en quelque chose. Interview.

Est-ce que, assez cyniquement, nous pouvons dire que les crises que nous vivons qu’elles soient sanitaires, écologiques, économiques, sociales, humanitaires peuvent être une “chance”?

Le Covid n’est pas une “chance” en soi, mais cette crise comme toutes les crises est une occasion de trouver une chance. Quand on a vécu une crise, nous sommes plus forts pour affronter les futures crises. On gagne en autonomie, on a une prise de conscience, on peut en faire quelque chose. 

Avons-nous tous les mêmes ressources pour affronter les crises? 

Nous avons tous des capacités dépressives. Cela désigne notre capacité à descendre très bas puis à remonter. Généralement, nous les développons notamment pendant l’enfance et l’adolescence, en vivant des deuils ou d’autres difficultés. Cela conditionne notre capacité à réagir par rapport aux situations. Aujourd’hui, nous vivons en France une vie relativement confortable par rapport à bien d’autres pays dans le monde, une vie qui pour certains est tournée vers le plaisir. Le Covid a montré que certains adolescents et jeunes adultes n’avaient pas la capacité d’affronter tout ça. Dans mes patients, je vois des ados et des pré-ados qui ne franchissent plus le cap de l’adolescence, des enfants en rébellion face aux situations scolaires. Ils prennent conscience qu’il y a un principe de réalité, mais ils préfèrent rester dans une illusion, dans leur grotte. 

Ils ne sont pas les seuls, non? Tout le monde, à son échelle, fait l’autruche ou a très envie de le faire, notamment cet été...

On a besoin de se préserver, on peut se protéger un peu. Ce n’est pas pour rien que les activités créatives, le macramé, la couture, les jeux de société ont eu tant de succès pendant les confinements. Certaines familles ont dit avoir passé de très beaux moments ensemble. On a besoin de se replier et on a besoin de produire du créatif. La créativité est un recours, c’est une manière de lutter, la capacité à résister. Le problème n’est pas de sombrer, de vouloir faire l’autruche, mais bien de savoir réagir ensuite, de trouver ou retrouver une position combative. 

Malgré toutes nos ressources intérieures, parfois, nous sombrons, nous sommes tellement abreuvés de mauvaises nouvelles.

Quand tout va mal, on n’arrive plus à entendre que quelque chose va bien. On n’entend plus les bonnes nouvelles. Et pourtant, il y en a. Sans faire de positivisme, il y a en a. Cette crise profonde que nous traversons, notamment la crise économique, qui a explosé avec les gilets jaunes, a généré chez certaines personnes une perte de vision. Nous sommes comme dans une grotte, on ne peut plus entendre même le chant des oiseaux.

Jouer, broder ou encore peindre, c’est donc être dans une position combative? En quoi cela nous aide-t-il à traverser les crises? A l’échelle d’un individu cela peut s’entendre, mais à l’échelle de la société?

Être créatif est un bien pour soi et pour les autres car c’est non seulement rester vivant, mais s’ouvrir aux autres et au monde. Par exemple quand des enfants créent sur le thème de l’écologie, à la fois ils prennent conscience ce qui peut être un premier pas pour se mobiliser, mais de leur place ils sont un miroir et un porte voix auprès de leurs parents et amis pour sensibiliser sur la crise écologique grave que nous traversons. 

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