L’habitude banalise les dérives de nos sociétés. Les réglements de comptes à Marseille sur fond de trafics de drogue ? Des faits divers qui alimentent une chronique ordinaire. Mais, de temps en temps, un événement vient perturber ce ronronnement médiatique. La mort d’un gamin de 14 ans, abattu à la kalachnikov, provoque un sursaut et un réveil de nos mauvaises consciences. Une vie fauchée à cet âge-là, c’est une injustice à l’état pur, en dehors de toute considération. Les explications sont vite tombées : l’intensification de la guerre des gangs, l’utilisation des “petites mains” et la possibilité de gagner en quelques jours l’équivalent du salaire mensuel de son père. Tout ça est vrai, mais ce n’est pas en répétant ces raisonnements, dans une litanie bien réglée, qu’on fait émerger des solutions. La preuve ; de plus en plus de morts, de plus en plus jeunes et des quartiers entiers qui vivent sous la férule de caïds.
Le problème de fond, regardons la réalité en face, se situe en amont. Le marché de la drogue est juteux. Tous les milieux sont concernés. Selon les lois immuables de l’économie, la demande des consommateurs est forte, ce qui ouvre un boulevard à l’offre. Avec une concurrence féroce entre les trafiquants pour récupérer cette manne. D’où la question qui revient rituellement sur le tapis : faut-il légaliser la vente de cannabis ? Deux camps s’affrontent hors des clivages politiques. Le premier prône la légalisation pour priver les mafias de ce marché et le rendre plus civilisé. Le second y est opposé, persuadé que des drogues plus dures prendront le relais et feront davantage de dégâts humains. De nombreux pays ont libéralisé le cannabis dit récréatif. En France, le débat reste largement ouvert, ce qui veut dire chez nous sans l’émergence de véritables solutions. Le résultat est là : on peut mourir à 14 ans pour un point de deal.
L’article La mort à 14 ans – L’édito de Patrice Chabanet est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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