JO 2024 - “L’important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part”. Emmanuel Macron ne semble définitivement pas décidé à faire sienne la célèbre maxime attribuée à Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux olympiques modernes.
Fidèle à la tradition, le président a reçu à l’Élysée les médaillés olympiques et paralympiques de Tokyo lundi 13 septembre. Mais avant de leur remettre les insignes de la Légion d’honneur ou l’ordre national du Mérite, le chef de l’État a prononcé un discours mêlant remerciements et... remontrances. Insatisfait par les 33 médailles obtenues par la délégation tricolore à Tokyo contre 42 à Rio en 2016, il a exigé “très clairement” des sportifs français de se “préparer” à en “faire beaucoup plus, beaucoup plus” lors des prochains JO de Paris en 2024.
Une fois les félicitations d’usage expédiées, Emmanuel Macron a changé de ton. “Le bilan n’est pas tout à fait celui que nous attendions”, a-t-il déploré. Et le coach présidentiel de fixer comme principal objectif des JO-2024 organisés à domicile d’apparaître dans “le top 5″ des pays médaillés alors que la France a terminé 8e au classement des nations aux JO de Tokyo.
“On doit faire beaucoup plus, parce que ce sont nos Jeux, à la maison, on est attendu”, a-t-il prévenu. Autre avertissement, financier cette fois: la France priorisera ses efforts sur les athlètes et disciplines ”à fort potentiel pour éviter de disperser les crédits sur une cible trop large et donner plus de leviers aux meilleurs”, a tranché l’ancien banquier d’affaires. Et tant pis pour les autres sports considérés comme budgétairement moins essentiels.
“Quand je participe, je préfère toujours gagner”
Trois ans avant les JO de Paris, ce sont les JO Londres 2012 qu’Emmanuel Macron prend pour modèle en les décrivant, tel un boursicoteur, comme très rentables pour le pays organisateur grâce à un retour sur investissement ultra performant.
Nettement plus inspiré par l’esprit d’entreprise que par celui de Pierre de Coubertin, le président souhaite importer le business model des Britanniques qui “investissent aujourd’hui moins de crédits publics que nous, ils ont pourtant des résultats supérieurs aux nôtres parce qu’ils ont aussi su complètement changer leurs méthodes”. Le manager Emmanuel Macron souhaite donc “mettre la pression” sur l’équipe de France qui devra impérativement “mettre les bouchées doubles” pour “avoir du résultat” à la hauteur de la start-up nation qu’il a si souvent théorisée.
“Il y a ce formidable esprit universel dans l’olympisme” s’enthousiasmait Emmanuel Macron fin juin 2017 sur France 2 à l’évocation de la candidature de Paris pour les JO-2024. Et d’ajouter, sans doute en forme de clin d’œil à sa récente élection, que “quand je participe, je préfère toujours gagner. C’est la petite entorse que je ferais à l’esprit de Coubertin”. Une entorse dont il n’est toujours pas guéri, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête de cet article.
Interrogé ce lundi quelques minutes avant le discours d’Emmanuel Macron sur l’engagement présidentiel de faire de la France une “nation sportive” pour les prochains JO à Paris, le judoka Teddy Riner a estimé que “non”, la France ne parviendrait certainement pas ”à faire 90 médailles à Paris 2024″ à cause principalement du manque d’investissement “dans le sport depuis sept ans”. Anticipant un palmarès bien en deçà des objectifs fixés par le sommet de l’État, le quadruple médaillé olympique imagine déjà qu’“on pourra toujours se cacher derrière le Covid” pour justifier, le cas échéant, un manque de médailles.
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