A l’arrache – L’édito de Patrice Chabanet

Les sommets européens n’ont jamais été des promenades de santé. Mais cette fois-ci, les chefs d’Etat des pays membres ont fait très fort en battant le record des marathons auxquels on était habitués. Quatre jours d’âpres négociations, pour ne pas dire batailles de chiffonniers, dont on ne savait pas, au moment où nous mettions sous presse si elles avaient accouché d’un accord. Le couple franco-allemand a dû batailler dur face aux Etats « frugaux » bien décidés à ne pas aider les cigales de l’Union, l’Italie, l’Espagne et la France. Pour eux, le curseur devrait assurer un meilleur rééquilibrage entre subventions et prêts en faveur de ces derniers.

Quelle que soit l’issue des négociations au forceps, c’est l’image de l’Europe qui en prend un coup. Elle n’est plus perçue comme une communauté humaine dont l’objectif initial était de maintenir la paix en Europe après les horreurs de la seconde Guerre mondiale. On peut même dire qu’elle ne se réduit pas à une approche économique, mais purement comptable. On se bat à coups de centaines de milliards d’euros. Et ce n’est pas fini. Au cas où un accord devait être trouvé dans la nuit, ce sera aux parlements nationaux, puis au Parlement européen, de le valider. Pour filer la métaphore sportive, on passerait du marathon à la course de haies. Dans ces conditions, on peut dire « vive le Brexit », car on imagine aisément ce qu’auraient fait les Britanniques pour saboter toute possibilité d’accord.

Ce sommet aura montré que le couple franco-allemand travaillait à l’unisson, ce qui n’était pas acquis d’avance, car les Allemands, forts de leurs succès économiques et connus pour leur rigueur, se rangeaient plus volontiers du côté des « frugaux ». Mais il y a un bémol : le couple doit désormais compter avec la fronde ou la résistance de petits Etats. Il est difficile de faire entendre raison à 27 membres. L’Europe des Six est bien loin…

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