Un long combat – L’édito de Christophe Bonnefoy

Il y a celles qui, grâce à l’intelligence d’esprit et le poids de leurs mots, auront fait énormément pour la cause féministe. Gisèle Halimi était l’une de ces femmes, qui très simplement rendent évident ce qui ne l’est plus pour certains. Non, un homme n’est pas investi d’une toute-puissance qui l’autoriserait à tous les excès, y compris s’arroger le droit de vie ou de mort.

D’autres, par un discours beaucoup plus radical, poursuivent le même objectif : dénoncer l’inacceptable. La façon de faire est différente. Qu’on adhère aux actes ou qu’on s’en agace, ils ont au moins le mérite de faire resurgir ce qu’on préfère ignorer, souvent par lâcheté. Et, là aussi, de faire avancer la cause.Jacqueline Sauvage, elle, aura par sa douleur mis en lumière les véritables tortures subies par des milliers de femmes. En toute impunité souvent pour leurs bourreaux. Parce que les victimes ne portent pas plainte. Parce que les voisins, les amis, la société dans son ensemble, ne voient pas ou ne veulent pas voir. Jacqueline Sauvage n’aura jamais rien revendiqué, sinon l’indiscible besoin que « ça s’arrête » : 47 ans de violences infligées par son mari. Puis le marathon judiciaire après l’avoir tué de trois balles dans le dos. Et la condamnation. Pour, finalement, être graciée par François Hollande en 2016 après avoir passé quatre années derrière les barreaux. Elle n’aura, au bout du compte, vécu sans le poids de la peur qu’un peu plus de trois ans. Bien peu de bonheur au regard de décennies d’horreur.

Et, à travers elle, toujours un triste constat : quelle que soit la méthode, le combat des féministes sera encore long. Très long.

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