Une petite révolution – L’édito de Christophe Bonnefoy

Pas enterrées. Reportées. Le bon sens l’a emporté sur ce qui était ressenti par les Français comme de l’entêtement.
Les réformes des retraites et de l’assurance chômage ne sont pas renvoyées aux calendes grecques. Loin de là. Ce qui promet, on s’en doute, d’intenses discussions lorsque les sujets seront remis sur la table. Mais pas tout de suite. L’urgence des urgences est à l’endiguement d’un chômage qu’on nous annonce de masse à court terme ; à la sauvegarde des entreprises et par conséquent à celle de l’emploi. Logique. Mais la logique, parfois, en politique…
La crise sanitaire persistante rendait évidemment l’échéancier présenté par l’exécutif totalement intenable. Mais même si on pouvait se douter qu’il en arriverait à temporiser, en souhaitant « détendre le calendrier » de ces deux réformes, Jean Castex surprend. Et fait coup double. L’air de rien, presque, il renforce, jour après jour, son image de “gaulliste social” ; d’homme capable d’insuffler, voire d’imposer, mais aussi d’écouter. Et par la même occasion, il désarçonne des syndicats prêts à monter au front avant-hier et qui, ce vendredi, reconnaissaient carrément que quelque chose était « en train de changer dans la méthode du gouvernement ». Une petite révolution. En France, le dialogue social tient en général plus du principe de confrontation. Contrairement à d’autres pays, où il est depuis longtemps admis comme une évidence lorsqu’il faut regarder devant.
Pour autant, le Premier ministre va devoir marcher sur des œufs. Les syndicats, entre autres, ne lui pardonneront aucun faux pas, ni sur le fond, ni sur la forme. Ce qui ressemble à un état de grâce, et que connaissent en général plutôt les présidents de la République juste après leur élection, pourrait ne pas durer très longtemps.

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