Le discours est double, mais finalement d’une grande limpidité. La France tiendra son rang dans l’aide au Liban et tentera de fédérer les bonnes volontés étrangères. Mais à la seule condition que le pouvoir, corrompu, jette l’éponge. C’est ce qu’il faut déduire des mots prononcés par Emmanuel Macron hier. Il se garde bien évidemment de donner l’impression qu’il tentera de faire la pluie et le beau temps dans le pays du Cèdre. Il pourrait se voir accuser – ça a déjà commencé hier – de vouloir infléchir le destin d’un pays tiers, qui attend pourtant beaucoup du nôtre, relations privilégiées obligent.
Mais en liant le méga coup de pouce dont a besoin le Liban à l’utilisation qui sera faite des fonds dégagés, et en promettant de revenir le 1er septembre à Beyrouth en inspecteur des travaux finis, il pousse au départ ceux qui ont plongé le pays dans le chaos. En ce sens, encourager la classe politique à des « initiatives fortes » et de lourdes réformes s’apparente à exiger qu’elle dégage. Pour le coup, le mot, familier, est celui de la rue. Une rue qui a tout connu. La guerre. Terrible. Puis la reconstruction et le bonheur d’une insouciance retrouvée. Pour aujourd’hui tutoyer la détresse, pour ne pas dire la misère. Les Libanais n’en peuvent plus. Ce ne sont même plus des réformes qu’ils réclament, mais tout simplement la chute du régime. Ils se disent prêts à rebâtir. Eux-mêmes.
Emmanuel Macron a ainsi bien conscience que le pouvoir libanais s’apparente aujourd’hui à un château de cartes. Bien en place depuis des décennies, mais d’une grande fragilité. Encore un peu plus après l’explosion de mardi, qui met particulièrement en lumière d’impardonnables négligences. Le drame de trop.
L’article La pression – L’édito de Christophe Bonnefoy est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
0 Commentaires