S’il est juste qu’une société se juge à la façon dont elle traite sa jeunesse, alors il est urgent d’agir. D’ordinaire plus touchée que toute autre génération par le chômage, la grande pauvreté et le mal-logement, la voici frappée plus encore par la crise économique et sociale que charrie la pandémie derrière elle.
La réalité nous alarme. Avec les difficultés financières, s’accroissent les difficultés à se nourrir, se loger, se soigner, poursuivre des études, accéder à stage ou un premier emploi... Le présent devient pesant et l’avenir incertain. La jeunesse s’enfonce dans la précarité et l’indifférence générale l’accompagne.
Être jeune est une épreuve, un rite initiatique parfois cruel. Quelle est donc cette étrange nation qui décide d’une majorité sur le plan pénal à 16 ans dans les faits, sur le plan civique à 18 ans et sur le plan social qu’à 25 ans? N’est-il pas temps de revenir de ce truisme si souvent partagé: la jeunesse doit en baver et ses devoirs passent avant ses droits?
Avec les difficultés financières, s’accroissent les difficultés à se nourrir, se loger, se soigner, poursuivre des études, accéder à stage ou un premier emploi...
Au cœur de la crise, des voix s’élèvent pourtant. Elles invitent notre regard, et plus encore notre conscience, à se tourner vers cette jeunesse. Des voix qui s’additionnent les unes aux autres devant l’évidente et urgente nécessité mais que le Président de la République refuse obstinément d’entendre.
Les dernières annonces du gouvernement ne sont pas à la hauteur de la détresse qui ronge les jeunes aujourd’hui. La réponse ne peut se réduire à enjoindre aux jeunes “de se bouger” pour s’en sortir; aujourd’hui, il faut se bouger pour la jeunesse. Pas des petites aides, gadgets, numéros verts ou sites internet: nous demandons des mesures urgentes et fortes.
Mais parer à l’urgence sera insuffisant si cela ne s’accompagne pas d’une réflexion de fond.
La souffrance de la jeunesse sera celle de tout un pays et de son avenir si nous n’agissons pas. Cette génération Covid est aussi la génération Climat, celle qui manifestait il y a quelques mois encore, nous enjoignant par les rues à la justice et à la défense de l’environnement. Coincé entre une planète qui étouffe et un quotidien confiné, peut-on raisonnablement grandir, se construire et embrasser l’avenir le cœur léger?
Cette jeunesse est pourtant la clef du monde que nous avons à construire et son sort déterminera celui de notre pays. En cela, elle nous oblige. Lui donner les moyens de vivre dignement, d’imaginer l’avenir autrement que par les traits qu’elle lui prête, et lui permettre de prendre part au grand dessein d’un monde qui change.
Allié objectif de la droite sénatoriale, le gouvernement s’est malheureusement prononcé contre un texte au Sénat qui proposait de doter les jeunes d’un revenu minimum via l’ouverture du RSA dès 18 ans. Nous l’interpellons pour qu’il apprenne enfin de ses erreurs et évolue rapidement sur une question qui devient un enjeu de survie pour une part croissante de notre jeunesse.
Les dernières annonces du gouvernement ne sont pas à la hauteur de la détresse qui ronge les jeunes aujourd’hui.
Nous en appelons aux parlementaires pour qu’ils se saisissent de l’opportunité qui s’ouvre d’instituer une “minimum jeunesse”. La proposition de loi “AILES” visant à instituer un revenu de base à 18 ans et une dotation en capital de 5000€ pour démarrer dans la vie sera débattue à l’Assemblée nationale ce 18 février. Avant, elle aura fait l’objet d’une concertation citoyenne inédite en ligne sur Parlement & Citoyens, où des milliers de citoyennes et citoyens se sont exprimés.
Nous souhaitons un débat exigeant, apaisé, dans lequel chacun pourra faire valoir son point de vue, écouter la contradiction, accepter d’être convaincu ou nourrir l’ambition de convaincre. Nous le devons à notre jeunesse.
Mais aura-t-il lieu? Pour le gouvernement, cette proposition a comme principal défaut de venir de l’opposition. Que la majorité ne balaie pas d’un revers de la main ce débat et cette consultation citoyenne! Qu’elle se saisisse de cette opportunité pour agir! Elle est une interpellation de l’Exécutif dans un moment inédit d’urgence pour les jeunes.
Ayons le courage de mesures fortes, n’esquivons aucun débat pour donner à la jeunesse les moyens de son autonomie et tracer le chemin de son émancipation.
Signataires de l’appel pour un minimum jeunesse
Assemblée nationale (groupe Socialistes et Apparentés) :
- Joël Aviragnet, député de la Haute-Garonne
- Marie-Noelle Battistel, députée de l’Isère
- Gisèle Biemouret, députée du Gers
- Jean Louis Bricout, député de l’Aisne
- Alain David, député de la Gironde
- Laurence Dumont, députée du Calvados
- Olivier Faure, Député de Seine-et-Marne - Premier secrétaire du PS
- Guillaume Garot, député de la Mayenne
- David Habib, député des Pyrénées-Atlantiques
- Chantal Jourdan, députée de l’Orne
- Régis Juanico, député de la Loire (Génération-s)
- Marietta Karamanli, députée de la Sarthe
- Jérôme Lambert, député de la Charente
- Gérard Leseul, député de Seine-Maritime
- Josette Manin, députée de la Martinique (Apparenté)
- Philippe Naillet, député de la Réunion
- Christine Pires Beaune, députée du Puy-de-Dôme
- Dominique Potier, député de La Meurthe-et-Moselle
- Valerie Rabault, présidente du groupe, députée du Tarn
- Claudia Rouaux, députée d’Ille-et-Vilaine
- Isabelle Santiago, députée du Val-de-Marne
- Hervé Saulignac, député de l’Ardèche
- Sylvie Tolmont, députée de la Sarthe
- Cécile Untermaier, députée de Saône-et-Loire
- Hélène Vainqueur-Christophe, députée de la Guadeloupe
- Boris Vallaud, député des Landes
- Michèle Victory, députée de l’Ardèche
Sénat (groupe Socialiste, Écologiste et Républicain) :
- Antiste Maurice : Sénateur de la Martinique
- Artigalas Viviane : Sénatrice des Hautes Pyrénées
- Bigot Joël : Sénateur de Maine-et-Loire
- BLATRIX-CONTAT Florence : Sénatrice de l’Ain
- BOUAD Denis : Sénateur du Gard
- Bourgi Hussein : Sénateur de l’Hérault
- Cardon Rémi : Sénateur de la Somme
- Carlotti Marie Arlette : Sénatrice des Bouches du Rhône
- Conway-Mouret Hélène : Sénatrice représentante des Français hors de France
- Devinaz Gilbert-Luc : Sénateur du Rhône
- Durain Jérôme : Sénateur de Saône-et-Loire
- Féraud Rémi : Sénateur de Paris
- Féret Corinne : Sénatrice du Calvados
- Fichet Jean-Luc : Sénateur du Finistère
- Filleul Martine : Sénatrice du Nord
- Gillé Hervé : Sénateur de la Gironde
- Houllegatte Jean-Michel : Sénateur de la Manche
- Jasmin Victoire : Sénatrice de la Guadeloupe
- Joly Patrice : Sénateur de la Nièvre
- Jourda Gisèle : Sénatrice de l’Aude
- Kanner Patrick : Sénateur du Nord
- Kerrouche Éric : Sénateur des Landes
- de La Gontrie Marie-Pierre : Sénatrice de Paris
- Leconte Jean-Yves : Sénateur représentant les français établis hors de France
- Le Houerou Annie : Sénatrice des Côtes-d’Armor
- Lepage Claudine : Sénatrice des Français Hors de France
- Lozach Jean-Jacques : Sénateur de la Creuse
- Lubin Monique : Sénatrice des Landes
- Lurel Victorin : Sénateur de la Guadeloupe
- Magner Jacques-Bernard : Sénateur du Puy-de-Dôme
- Marie Didier : Sénateur de la Seine-Maritime
- Merillou Serge : Sénateur de la Dordogne
- Michau Jean-Jacques : Sénateur de l’Ariège
- Monier Marie-Pierre : Sénatrice de la Drôme
- Montaugé Franck : Sénateur du Gers
- Pla Sébastien : Sénateur de l’Aude
- Poumirol Emilienne : Sénatrice de la Haute-Garonne
- Préville Angèle : Sénatrice du Lot
- Raynal Claude : Sénateur de la Haute-Garonne
- Redon-Sarrazy Christian : Sénateur de Haute Vienne
- Robert Sylvie : Sénatrice d’Ille-et-Vilaine
- Roger Gilbert : Sénateur de Seine-Saint-Denis
- Rossignol Laurence : Sénatrice de l’Oise
- Stanzione Lucien : Sénateur du Vaucluse
- Sueur Jean-Pierre : Sénateur du Loiret
- Temal Rachid : Sénateur du Val-d’Oise
- Tissot Jean-Claude : Sénateur de la Loire
- Todeschini Jean-Marc : Sénateur de la Moselle et ancien ministre
- Vallet Mickaël : Sénateur de la Charente-Maritime
- Van Heghe Sabine : Sénatrice du Pas-de-Calais
- Vaugrenard Yannick : Sénateur de Loire-Atlantique
Présidents et présidentes de département :
- Laurent Ughetto (Ardèche) ;
- Christine Téqui (Ariège) ;
- Germinal Peiro (Dordogne) ;
- Nathalie Sarrabezolles (Finistère) ;
- Françoise Laurent-Perrigot (Gard) ;
- Georges Méric (Haute-Garonne) ;
- Philippe Martin (Gers) ;
- Jean-Luc Gleyze (Gironde) ;
- Kléber Mesquida (Hérault) ;
- Xavier Fortinon (Landes) ;
- Philippe Grosvalet (Loire-Atlantique) ;
- Sophie Borderie (Lot-et-Garonne) ;
- Sophie Pantel (Lozère) ;
- Valérie Beausert-Leick (Meurthe-et-Moselle) ;
- Alain Lassus (Nièvre) ;
- Hermeline Malherbe (Pyrénées-Orientales) ;
- Jean-Claude Leblois (Haute-Vienne) ;
- Stéphane Troussel (Seine-Saint-Denis) ;
- Josette Borel-Lincertin (Guadeloupe) ;
Secrétaire national du PS à la jeunesse : Maxime Sauvage
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