Naïveté coupable – L’édito de Patrice Chabanet

Claire Hédon, Défenseure des droits, a fait très fort pour compenser son déficit de notoriété par rapport à son prédécesseur, Jacques Toubon. Elle a proposé l’expérimentation de « zones sans contrôle d’identité ». Bronca assurée dans les syndicats de police et dans une partie de la classe politique. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, l’idée était d’éviter les excès de zèle et la stigmatisation d’une partie de la population. Soit. Mais, dans les faits, la préconisation de Claire Hédon revient à créer des zones de droit et de non-droit. Et d’assurer aux ennemis de la société, islamistes et dealers, la certitude de pouvoir placer des territoires sous leur coupe en toute impunité.

Surtout, la suggestion de la Défenseure des droits ajoute de l’huile sur le feu au moment où policiers et gendarmes ressentent un profond malaise quant au rôle qu’on leur demande d’assumer dans un pays fracturé, perclus de conflits et rongé par la haine de l’autre. Pas plus tard que samedi, une agression caractérisée a été commise contre des policiers à Poissy. Plus que les actes ce sont les mots entendus pendant ce face-à-face qui sont significatifs ; « Tuez-les » a proféré l’un des agresseurs. Il y aura toujours des bonnes âmes pour expliquer, en fait pour justifier, l’injustifiable. L’extrême gauche excelle dans ce genre d’exercice. C’est donner crédit à l’avance aux discours de l’extrême droite appelant à une fermeté sans faille contre des comportements qu’aucune démocratie ne peut et ne doit accepter. Le pouvoir n’appartient ni à la rue ni à des bandes de voyous. Il va de soi – aussi – que la politique des quartiers s’avère défaillante depuis des décennies et ouvre des boulevards à toutes sortes de dérives et de séparatismes, pour reprendre un mot à la mode. Et souvent, ce sont policiers et gendarmes qui s’y frottent, agressés sur le terrain et vilipendés à l’arrière par les idéologues de service.

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