BIEN-ÊTRE - Avant que certains ne fassent de conclusions hâtives, non je ne me considère certainement pas moi-même comme un maître! Ou alors mon propre maître. Mais sûrement pas celui d’un autre. Je n’ai pas la prétention de penser tout connaître. Au contraire, je ne suis qu’au début d’une initiation sans fin. Je me considère en constante formation dans ce voyage personnel et j’accueille avec attention tous les enseignements que la vie m’offre sur mon chemin.
Je suis consciente que le savoir et les connaissances se transmettent de génération en génération. J’aime apprendre des autres, je suis réceptive et reconnaissante de tout ce que l’on me transmet. Mais je garde mon libre arbitre! Mon apprentissage est constant et se construit par rapport à mes propres émotions et expériences.
Il y a des choses que je crois, d’autres moins. Comme le dit le 5e accord toltèque “Soyez sceptique, mais apprenez à écouter” alors j’écoute, j’analyse, j’étudie et surtout j’expérimente, mais je ne prends pas tout pour argent comptant. Je fais le tri selon mes croyances du moment. Aucune parole n’est d’or, tout le monde peut se tromper ou se laisser influencer par ses propres filtres, ou par l’environnement qui l’entoure. Il faut parfois même accepter de ne pas encore être prêt pour intégrer certaines choses.
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Duel de pouvoir spirituel
Je n’aime pas les termes dirigeants, mentor, gourou, ou maître… Je pense que tout le monde a à apprendre des autres et non d’une seule et même personne. Je pense que la diversité et le mélange des savoirs sont ce qui le rend riche. L’expérience de la vie est celle qui nous enseigne ce que l’on n’intégrera jamais simplement d’après des livres ou les paroles des plus grands sages.
Je ne veux me plier à aucun dogme ou aucune doctrine, je tiens à garder mon discernement et pouvoir juger du bon fondement des choses. Je prends ce que l’on m’offre en exerçant mon propre ressenti, je ne me laisse pas éblouir.
L’histoire a fait resurgir de nombreux événements autour de la manipulation et du sectarisme. L’univers du yoga n’est pas épargné par ces récits malsains. Même dans ce monde que l’on identifie comme bienveillant, le bien-être, la santé, la spiritualité, l’avidité et les abus de pouvoir s’entrechoquent. On peut trouver de nombreux témoignages qui disgracient d’anciens leaders spirituels.
Avoir un maître c’est donner son entière confiance en un seul être, lui prétendre le savoir absolu, ne rien remettre en question de son enseignement.
Bien qu’il soit évident que certains ont acquis des connaissances énormes, chacun les transmet via ses propres filtres. Rien n’est totalement pur. Et je ne suis pas de celles qui vénèrent ou idéalisent qui ou quoi que ce soit, et encore moins en attente de quelqu’un qui m’aide à vivre ou à atteindre l’éveil.
Je trouve malheureux l’ayant observé en Inde et ayant recueilli plusieurs récits similaires, que certains pratiquants éblouis par le statut d’un soi-disant maître ne perçoivent pas, ou pire acceptent l’aspect malsain ou même nocif de cette personne ou de ses agissements. Le yoga a pris une telle dimension commerciale et une telle ampleur que certains parviennent à surfer sur cette vague avec de mauvaises intentions tout en prêchant la belle parole. Énormément de pratiquants se tournent vers cette pratique ou toute autre voie spirituelle pour se guérir ou se sauver d’une mauvaise passe, il est alors facile d’abuser de gens fragiles en totale admiration devant leur Maître.
Aucune parole n’est d’or
Chaque être aussi sage qu’il peut être dès qu’il est doté de la parole commence à mentir. Des petits mensonges qui ne paraissent pas en être, seulement par exagération, pour retranscrire l’intensité de ses émotions, par incompréhension et déformation d’une information reçue, par utilisation du mauvais vocabulaire et perte du sens premier de certains mots… La parole se déforme et s’entrave. Il est alors important de faire preuve de discernement quant aux multiples messages reçus. Le doute est une force à utiliser, une force de jugement puissante qui n’est absolument pas négative puisqu’elle vous protège et vous pousse à être vous-même.
L’erreur ne devient pas vérité parce qu’elle se propage et se multiplie; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit. ― Gandhi
Les plus grands de ce monde n’ont pas toujours raison, et malheureusement ils n’ont pas tous toujours bien agi ou été honnêtes. Face à la complexité de la réalité, plusieurs grandes figures de la science, de la philosophie ou de la psychologie se sont égarées (Galilée, Newton, Freud… pour ne nommer que ceux-là, ont tous commis des erreurs). Certains ont développé de fausses conceptions ou au contraire considéré comme fausses des théories qui rendent compte aujourd’hui de notre réalité. Des réflexions ou encore des agissements considérés comme des évidences par tous pendant des siècles se sont vus démantelés par de nouvelles recherches, découvertes ou façon de penser.
Alors oui, comme chacun, j’ai mes croyances qui m’accompagnent, qui construisent mes propres vérités et mes valeurs, mais je m’efforce de ne pas être réfractaire à d’autres idées. Tout n’est pas blanc ou noir, et je me laisse guider par mes intuitions vers ce qui me paraît juste sur l’instant. Si on m’expose une idée qui tout à coup a plus de sens à mes yeux, je n’ai aucun problème à changer d’avis.
Je suis même prête à remettre en cause ce que j’ai pu pendant un moment penser absolu. Nous vivons dans un monde impermanent, en constante mutation. La transformation fait partie intégrante de notre évolution spirituelle. Il est fort probable d’ailleurs que ce que j’écris aujourd’hui n’ait plus de valeur pour moi demain, il s’agit de la vie qui glisse qui bouge, nos idées et nos croyances changent et c’est tant mieux.
Apprenant, mais pas disciple
Nous avons naturellement tendance à nous fier à des enseignements ancestraux sans jamais les remettre en question. Je ne suis pas pour le déni du passé ou de la connaissance empirique, au contraire je suis pour la transmission et la conservation (trop de choses se perdent). Il ya des choses léguées par l’histoire qui ont une vraie valeur, mais j’ai besoin de les expérimenter pour y croire et surtout pour les intégrer. Je ne suis absolument pas une puriste. Je fais confiance à certaines formes d’évolution et de transformation que je trouve naturelles. Sans dénaturer les valeurs profondes d’une culture, d’une philosophie ou d’un enseignement, il est pour moi important de prendre en considération les facteurs extérieurs et l’évolution.
Sans venir réinterpréter à mal des enseignements vieux de plus de 5000 ans, il est pour moi important de pouvoir m’approprier ces connaissances pour les adapter à nos modes de vie actuels et les faire évoluer en considérant les découvertes de la science, de la psychologie ou de la société moderne en générale (sans là non plus tout considérer comme absolu).
Face à certains dogmes, il est important pour moi de toujours garder ce discernement qui nous empêche de donner notre entière confiance par dévotion, intérêt, calcul ou encore par naïveté.
Je ne dis pas que j’ai besoin de preuves scientifiques pour croire en certaines choses, non, mais je n’ai pas envie de propager des informations sans avoir au moins vérifié leur exactitude. Ce n’est pas toujours possible, mais il me semble alors important de partager ce que j’ai pu moi-même alors expérimenter. Ou dans certains cas partager mes opinions sans les clamer comme étant des vérités ou des certitudes, mais bel et bien comme des croyances.
À l’instar des Gurus, je n’aime pas non plus le terme professeur, disciple, élève… Pour ma part je me considère plus comme un récepteur ou un transmetteur (même si ces mots ne sonnent pas vraiment, et sont difficiles à employer dans le contexte de mon activité). Mon enseignement est inspiré par ma vie, mes différentes formations et les différents référents que j’ai rencontrés au cours de celle-ci.
Avant tout pratiquante de Yoga, je partage ce qui me semble juste par rapport à ce que j’ai appris, expérimenté. J’enseigne le yoga de façon modeste et j’apprends tous les jours des pratiquants qui me suivent. Je n’ai pas de maître et je ne serai jamais le maître de personne. J’accompagne sur la voie que j’ai moi-même empruntée ceux qui s’y sentent guidés et réceptifs sans prétendre pour autant qu’il s’agit du meilleur chemin.
À chacun son chemin
Comme j’aime le dire lors de mes classes, ne m’écoutez pas, mais écoutez-vous au fond de vous-même. Je ne suis pas là pour vous changer ou vous convaincre, mais simplement pour vous accompagner à vous faire confiance et à vous écouter profondément.
Il n’y a pas Une vérité sur le yoga, il y a plusieurs voies qui mènent vers le yoga, à chacun de trouver la sienne! À chacun de choisir les personnes, livres, pratiques qui nous inspirent et avec lesquels on se sent en confiance et en accord dans le moment présent.
Avec l’idée que dans ce monde rien n’est permanent, expérimenter, écouter ses intuitions et rester curieux et ouvert tout en gardant son propre discernement me semble le plus important. Alors, continuez de chercher, de vivre, d’apprendre et de vous faire du bien sans vous attacher de trop à vos croyances (qui parfois peuvent être limitantes). Même si c’est fatigant de ne pouvoir complètement se reposer sur personne ou sur aucun dogme, faites-vous confiance tout simplement, car tout est en vous!
Ce billet est également publié sur le blog The Travellin’ Side.
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