Ce sondage sur Marine Le Pen et 2022 accentue le trouble à gauche

Marine Le Pen photographiée à l'Assemblée nationale le 1er avril

POLITIQUE - Certes ce n’est qu’une photographie à l’instant T. Certes les sondages réalisés un an avant l’élection présidentielle ne sont pas d’une fiabilité redoutable quant aux résultats qui ressortiront des urnes. Certes la période exceptionnelle porte en elle les germes de nombreux rebondissements. Il n’empêche, le sondage Ifop pour le JDD et Sud Radio révélé ce dimanche 11 avril est particulièrement préoccupant pour la gauche. 

Car si l’élection avait lieu ce dimanche, aucun des prétendants de gauche à la succession d’Emmanuel Macron ne serait en mesure de se qualifier au second tour. Dans chacun des onze scénarios testés par l’institut de sondages, la première manche serait nettement dominée par le match entre Marine Le Pen (25 à 27%) et Emmanuel Macron (23 à 28%). Mais ce n’est pas tout. Même en cas de duel au second tour face à la candidate d’extrême droite, ni Jean-Luc Mélenchon, ni Yannick Jadot et ni Anne Hidalgo ne parviendraient à la battre, récoltant respectivement 40%, 47% et 50% des voix. 

Un sondage “terrifiant”

Une gifle accueillie avec effroi par Benoît Hamon. “C’est un sondage terrifiant. Parce que cela veut dire qu’une majorité de Français préfèrent l’extrême droite à la gauche républicaine”, a réagi ce dimanche l’ex-candidat à la présidentielle de 2017 sur franceinfo, dénonçant la “diabolisation” entreprise par  l’exécutif à l’encontre des forces de gauche. “Macron n’a pas vaincu la gauche, il est en train de vaincre la France s’il prépare à travers ces politiques la diabolisation de la gauche et la normalisation du Front national, s’il prépare la victoire de Marine Le Pen”, a ajouté l’ex-socialiste.  

Du côté insoumis, la perception n’est pas forcément la même. Dans un tweet, Jean-Luc Mélenchon s’interroge sur la méthode employée par l’institut de sondages, dont l’étude ne lui reporte que 85% de ses votants du premier tour. “Commentaire: ah ah ah”, grince le député des Bouches-du-Rhône. Le député du Nord Adrien Quatennens préfère quant à lui retenir dans le sondage ce qui est positif pour le leader de la France insoumise, à savoir le fait qu’il soit le candidat de gauche réunissant le plus d’intentions de vote au premier tour. ”À un an de l’échéance, peut-être que ça vaudrait le coup d’y réfléchir”, a-t-il tweeté, oubliant de préciser qu’il était le moins bien placé au second tour. 

Une référence à peine voilée à l’initiative de Yannick Jadot, qui a invité les leaders de la gauche à s’asseoir autour d’une même table samedi 17 avril. Un appel entendu, mais qui suscite déjà quelques réserves. Dans le JDD ce dimanche, l’écolo Éric Piolle a mis en garde contre un “hold-up sur l’union” qui pourrait advenir à l’issue de cette réunion, qu’il juge toutefois “bienvenue”. 

“La maison commune se construit dans la confiance et la constance. Deuxième point: soyons lucides sur ce qu’est l’arc humaniste. Les cartels de partis ne marchent pas. Il faut l’alliance de la société civile et des syndicats”, a mis en garde le maire de Grenoble.

Pour Benoît Hamon, il serait tout simplement “criminel” de ne pas unir la gauche d’ici l’élection présidentielle. “Si nous sommes convaincus qu’il y a urgence climatique et urgence sociale, il faut nous réunir parce que c’est la seule condition pour qu’en 2022 il y ait un gouvernement de transition écologique et un gouvernement de justice sociale”, a-t-il déclaré sur franceinfo.   

Pour l’heure, l’union dès le premier tour (qui n’est pas testée dans le sondage du JDD) paraît très loin d’être acquise. Ce dimanche, le Parti communiste a investi son secrétaire national Fabien Roussel comme candidat à l’élection présidentielle. “Je demande aux autres forces de gauche et aux écologistes de respecter notre choix”, a déclaré le député du Nord, appelant les forces de gauche à “conclure un pacte” pour 2022. Mais par pour le premier tour, puisqu’il a prévenu après ce vote interne qu’il irait “jusqu’au bout”. 

Autant de signaux montrant que la tendance sera difficile à renverser pour la gauche. Car, cité par le JDD, Frédéric Dabi, directeur du département opinion de l’Ifop, rappelle l’autre enseignement majeur de ce sondage: “L’espace politique et le potentiel électoral de la gauche n’ont jamais été aussi faibles sous la Ve République: entre 26 et 28%”. Les responsables de la gauche ont un an pour faire mieux. 

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