Quand on pense performance, son nom ne vient pas spontanément à l’esprit. Robert Marchand n’avait pas le pedigree sportif ni la notoriété d’un Eddy Merckx ou d’un Bernard Hinault. Son record à lui, c’était la longévité. En 2017, il devient champion du monde cycliste des « plus de 105 ans ». Il s’est éteint hier, sans avoir réalisé son ultime rêve : faire du vélo jusqu’au bout. Les médecins lui avaient interdit de tenter de nouveaux records. Une interdiction sans doute justifiée sur le plan médical, mais aux effets psychologiques dommageables pour l’homme qui avait consacré une bonne partie de sa vie à la petite reine.
Le petit Robert – il mesurait 1,50 mètre – exprimait une immense joie de vivre en toutes circonstances. Il était là le moteur de sa réussite. Il ne se prenait pas la tête. Il ne cherchait pas d’adversaire à battre. Il les avait eus à l’usure des années. Il se battait contre lui-même dans la joie et l’allégresse. Il ne traquait pas la fortune et les produits dérivés. Il appuyait sur la pédale pour la gloire, celle qu’on partage avec les copains, loin des projecteurs.
Dans une période où le court terme est devenu la règle de base, il a su montrer que la ténacité et l’obstination balisaient plus sûrement la route du bonheur. Paradoxalement, Robert Marchand était anormalement normal. Il faisait partie des rares Français qui avaient traversé deux guerres mondiales. Il n’en tirait nulle vanité. Le message qu’il nous faisait passer implicitement était simple : les crises que nous traversons ne sont rien comparées aux deux tragédies du XXe siècle. Bref, Robert Marchand n’avait rien du grincheux de service. Un exemple à imiter sans modération.
L’article La joie de vivre – L’édito de Patrice Chabanet est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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