INTERNATIONAL - Depuis la Pologne où ils vivent, les parents du journaliste bélarusse Roman Protassevitch, arrêté suite au détournement de son vol Ryanair contraint d’atterrir, appellent le monde à “le sauver”. Natalia Protassevitch, la mère du jeune opposant de 26 ans, dit n’avoir pas dormi depuis deux nuits, serrant son téléphone dans ses mains, dans l’espoir d’avoir des nouvelles.
“Je demande, je supplie, j’appelle toute la communauté internationale à le sauver”, lance Natalia, fondant en larmes, lors d’un entretien avec l’AFP. “Ce n’est qu’un journaliste, ce n’est qu’un enfant, s’il vous plaît, s’il vous plaît ... Je demande de l’aide. S’il vous plaît, sauvez-le! Ils vont le tuer!”.
Natalia, 46 ans, et son mari Dmitry, 48 ans, estiment que leur fils pourrait se trouver dans un centre de détention des services secrets bélarusses, toujours connus sous le nom de KGB. Rencontrés devant la gare de Wroclaw, dans le sud-ouest de la Pologne, tous les deux déclarent n’avoir aucune certitude, une torture.
“L’avocate a tenté de le voir aujourd’hui, mais elle n’a pas pu le rencontrer. Nous ne savons toujours pas s’il est là-bas, quel est son état, comment il se sent”, dit Dmitry, ancien militaire. “L’une des façons dont nos autorités pratiquent la torture est de ne pas dire à la famille où leurs proches sont détenus”, insiste-t-il.
L’UE “va aider à libérer mon fils”
Les parents de Roman Protassevitch restent en contact étroit avec la mère de sa compagne, Sofia Sapéga, étudiante en droit à Vilnius, arrêtée avec lui. Selon les parents, on pouvait voir des signes évidents que leur fils avait été battu, sur un message vidéo diffusé lundi par les autorités bélarusses dans lequel le photographe et militant aurait prétendument reconnu sa faute.
Dmitry souligne que son fils avait l’air extrêmement nerveux, semblait avoir des dents en moins et avait des ecchymoses sur le côté gauche du visage et au cou. “La vidéo a été clairement mise en scène. Elle a été réalisée sous pression et il ne faut pas y croire”, dit-il. Mais “au moins, cela montre qu’il est vivant”.
Les parents de Roman Protassevitch ont déménagé en Pologne il y a huit mois, après avoir connu la répression dirigée contre les manifestations sans précédent qui ont suivi une élection présidentielle contestée en août 2020.
Selon eux, leur fils se sentait en sécurité dans l’Union européenne, d’abord en Pologne où il a déménagé en 2019, puis en Lituanie. Parti en vacances avec sa compagne en Grèce, d’où son vol Ryanair a décollé dimanche, Roman “n’aurait pas pu prévoir de telles conséquences”, souligne son père.
“Il se trouvait dans un avion immatriculé dans un pays de l’UE (...) et effectuait un vol depuis un pays de l’UE vers un autre pays de l’UE!”. Dmitry se félicite des mesures prises par les dirigeants de l’UE lors de leur sommet, estimant que cela “contribuerait à changer radicalement la situation”. “Je pense que cela aidera à libérer mon fils”, déclare-t-il.
“Un combattant pour la justice”
Roman Protassevitch, né un an après l’arrivée au pouvoir du président bélarusse Alexandre Loukachenko en 1994, s’est lancé dans le journalisme et dans l’activisme politique dès son adolescence, a été arrêté à plusieurs reprises et a passé des semaines en prison depuis.
“C’est un combattant pour la justice”, déclare sa mère. Elle n’arrive toujours pas à croire que les autorités bélarusses aient envoyé un avion de combat pour forcer d’atterrir cet avion.
“Ils ont envoyé un avion de chasse pour attraper ce jeune! C’est un acte de terrorisme, je ne pense pas que vous puissiez l’appeler autrement. Il a été pris en otage”, insiste-t-elle.
Sa voix se brisant, elle ajoute: “Mon fils, ce jeune homme voulait juste dire la vérité sur la situation. Il n’a rien fait de mal”.
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