Les places d'urgence pour héberger les sans-abri prolongées de 10 mois, une entorse à "la gestion au thermomètre"

La ministre déléguée chargée du Logement, Emmanuelle Wargon, en visite dans les logements sociaux du quartier de

SOCIAL - “C’est l’application du quoi qu’il en coûte aux personnes les plus en difficulté et les plus fragiles et c’est l’honneur de la société française et de ce gouvernement de le faire”. Précipité par l’épidémie de Covid-19, l’effort sans précédent consenti pour aider les sans-abri va se prolonger pour dix mois au moins. Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement, a annoncé ce vendredi 21 mai sur France Inter que les 43.000 places d’hébergement d’urgence créées depuis le premier confinement ouvertes jusqu’à fin mars 2022 seront pérennisées. 

“On ne remettra personne à la rue à l’issue de la trêve hivernale”, exceptionnellement prolongée cette année jusqu’au 1er juin 2021, a expliqué le ministère du Logement à l’AFP, qui a décidé de “pérenniser” les places créées depuis un an “jusqu’à la fin du mois de mars 2022” au moins. 

De quoi soulager les associations, qui craignaient un retour à la rue de ces 43.000 personnes hébergées en urgence, pour moitié grâce à des accords avec une hôtellerie en mal de touristes, afin de répondre à la situation inédite provoquée par le nouveau coronavirus et l’injonction faite à chacun de se confiner.

Au total, plus de 200.000 sans domicile fixe sont actuellement hébergés dans des centres d’hébergement ou des hôtels. Maintenir les places créées depuis mars 2020 va coûter 690 millions d’euros, ce qui doit porter le budget annuel consacré à l’hébergement d’urgence à 2,9 milliards, selon le ministère. 

Cette décision suspend surtout la gestion des places “au thermomètre”, décriée de longue date par les associations. Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert salue ainsi la fin d’un “mode opératoire inhumain”, qui consistait à abriter les plus précaires l’hiver avant de les renvoyer chaque printemps dans la rue.

Au-delà de mars 2022, “il faut que ces places soient pérennisées de manière définitive”, déclare Florent Guéguen. “Vigilant” sur cet objectif, le directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) s’avoue toutefois “confiant”: difficile selon lui d’imaginer Emmanuel Macron remettre des milliers de personnes à la rue l’an prochain, à la veille de la présidentielle. 

“Logement d’abord”

Pour lutter contre le sans-abrisme, le gouvernement compte également sur son plan pour le “Logement d’abord”, qui a permis d’installer 235.000 personnes dans des logements durables depuis son lancement fin 2017. Le programme favorise aussi leur sortie du système d’hébergement d’urgence vers des pensions de familles et développe le recours à l’intermédiation locative; des propriétaires privés louant leur logement à des associations qui le sous-louent à bas prix à une personne en difficulté, grâce à une aide complémentaire de l’État.

Ces efforts restent toutefois “insuffisants”, selon les associations. Car s’il est difficile de savoir précisément combien de personnes restent à la rue avant la prochaine enquête de l’Insee prévue début 2022, la situation reste tendue.

“Le Covid a créé de nouveaux pauvres, et malgré les efforts d’hébergements réalisés, beaucoup d’hommes seuls isolés sont restés sur le carreau”, rappelle Florent Guéguen, en soulignant que “des milliers” d’appels au Samu Social (115) débouchent encore sur un refus d’hébergement chaque soir.

À plus long terme, les associations soulignent également la difficulté de reloger les sans domicile fixe hors du système d’hébergement d’urgence, à cause d’une construction de logements sociaux “trop faible”. Depuis le début du plan “Logement d’abord”, la production de logements “très sociaux” oscille autour de 30.000 unités par an, au lieu des 40.000 souhaités par le gouvernement

À voir également sur Le HuffPostEn Belgique, un dangereux militaire d’extrême droite recherché

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires