Une simple trêve – L’édito de Patrice Chabanet

Chaque camp y est allé de son satisfecit. Palestiniens et Israéliens se sont félicités de la fin des hostilités, les uns et les autres estimant avoir gagné la partie. Les premiers ont fêté bruyamment leur victoire dans les rues de Gaza, fiers d’avoir pu envoyer des milliers de roquettes sur tout le territoire israélien. Les seconds relèvent qu’ils ont fait le job en les détruisant à 90%, et en atteignant les réseaux souterrains ennemis grâce aux superbombes fournies par les Etats-Unis. En fai, il est difficile d’établir le partage entre vainqueurs et vaincus. Une fois de plus, ce sont les civils qui ont payé l’addition la plus lourde : près de 200 morts chez les Palestiniens.

Cette nouvelle séquence proche-orientale a un air de déjà vu. Des incidents qui dégénèrent, en l’occurrence des manifestations sur l’Esplanade des mosquées, des tirs de roquettes suivis de représailles aériennes, et enfin une confrontation militaire sans retenue. Et puis le même final : une trêve des combats au bout de quelques jours. Sur quelle base ? On ne sait pas, à dire vrai. Pour reprendre son souffle et reconstituer ses stocks de munitions ? Sans doute. Pour le reste, nulle trace d’une amorce de négociations sur le fond, à savoir imaginer un meilleur avenir entre deux peuples. La simple évocation de cette éventualité paraît dérisoire, pour ne pas dire saugrenue. Dans chaque camp, les jusqu’au-boutistes bombent le torse plus que jamais. Le Hamas ne jure toujours que par la destruction de l’Etat hébreu. L’extrême droite israélienne, elle, n’a qu’un discours : chasser les Arabes. Autant dire que la trêve ne doit pas faire naître d’illusions : il y aura d’autres passes d’armes, c’est le cas de le dire. L’expression d’un pessimisme foncier ? Non, l’exigence d’une certaine lucidité forgée par la régularité implacable des confrontations. Impossible de croire à une paix durable. Juste se résigner à l’espérer.

L’article Une simple trêve – L’édito de Patrice Chabanet est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires