Qui ne serait pas révolté par le meurtre d’un homme de bien ? La devise du père Olivier Maire aurait pu être: charité bien ordonnée commence par les autres. Il a payé de sa vie ce don de soi érigé en ligne de conduite intangible. L’admiration que suscite l’abnégation du père missionnaire ne doit pas nous interdire de nous interroger sur cette longue séquence ponctuée par l’incendie de la cathédrale de Nantes et le meurtre de l’ecclésiastique. L’auteur et ses avocats ont assurément bénéficié de l’enchevêtrement des structures décisionnaires. Le refus du droit d’asile dont il faisait l’objet ne l’a pas emporté sur le contrôle judiciaire prévu jusqu’à son jugement pour l’incendie. L’internement psychiatrique de l’intéressé n’a fait qu’ajouter à la confusion et à l’incompréhension. Le démontage de cette mécanique infernale ne peut satisfaire une opinion publique lassée par les arguties juridiques et la mort d’innocents. Visiblement, une réforme du droit d’asile et, surtout, de son application, s’impose. Ou comment éviter les courts-circuits dans la chaîne judiciaire.
A moins d’un an de la présidentielle, pareille affaire s’est vite transformée en brûlot. Le contraire aurait été étonnant. C’est de bonne guerre. Mais la condamnation d’un acte monstrueux n’autorise pas les amalgames. Comparer le laxisme de la justice – et de l’Etat – avec l’obligation du pass sanitaire obscurcit le débat, sans apporter la moindre once de proposition ou de solution. Il faut saluer au passage les autorités catholiques – leurs voix sont pour le moins autorisées – qui ont posé un regard sans haine sur ce qui a crucifié leur communauté. N’oublions pas, enfin, qu’en démocratie il y a un corps législatif dont le rôle est de faire la loi et de modifier celles qui sont dépassées par l’actualité. Dans un an, il sera possible pour chaque électeur de choisir ceux qui lui paraissent les plus aptes à éviter la répétition de ces crimes révoltants.
L’article Charité crucifiée – L’édito de Patrice Chabanet est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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