En Iran, Ebrahim Raïssi élu président succède à Hassan Rohani

Ebrahim Raïssi dans un bureau de vote de Téhéran, le 18 juin 2021

ÉLECTIONS -  L’ultraconservateur Ebrahim Raïssi a remporté la présidentielle en Iran, ce samedi 19 juin selon des premiers résultats officiels qui le donnent vainqueur avec 62% des voix.  Sur 28,6 millions de bulletins dépouillés, il a obtenu “plus de 17.800.000” voix, a déclaré Jamal Orf, président de la Commission nationale électorale lors d’une conférence de presse à Téhéran.

Chef de l’Autorité judiciaire, Ebrahim Raïssi, 60 ans, faisait figure d’archifavori, faute de concurrence réelle après la disqualification de ses principaux adversaires. La campagne électorale a été fade, sur fond de ras-le-bol général face à la crise, dans un pays riche en hydrocarbures mais soumis à des sanctions américaines.

Se présentant comme le champion de la lutte anticorruption et le défenseur des classes populaires au pouvoir d’achat miné par l’inflation, Ebrahim Raïssi est le seul des quatre candidats à avoir véritablement fait campagne. Réélu en 2017 au premier tour face à Ebrahim Raïssi qui avait alors obtenu 38% des voix, le président Hassan Rohani, un modéré s’apprête à quitter le pouvoir à un niveau d’impopularité rarement atteint.

Né en novembre 1960 dans la ville sainte de Machhad (nord-est), Ebrahim. Raïssi est nommé procureur général de Karaj, à côté de Téhéran, à seulement 20 ans, dans la foulée de la victoire de la Révolution islamique de 1979. Il restera plus de trois décennies dans le système judiciaire: procureur général de Téhéran de 1989 à 1994, il est chef adjoint de l’Autorité judiciaire de 2004 à 2014, année de sa nomination au poste de procureur général du pays.

En 2016, le guide suprême Ali Khamenei le place à la tête de la puissante fondation de charité Astan-é Qods Razavi, qui gère le mausolée de l’Imam-Réza à Machhad ainsi qu’un immense patrimoine industriel et immobilier. Trois ans plus tard, il le nomme chef de l’Autorité judiciaire.

Sans grand charisme et toujours coiffé d’un turban noir de “seyyed” (descendant de Mahomet), Ebrahim Raïssi a suivi les cours de religion et de jurisprudence islamique de l’ayatollah Khamenei. Selon sa biographie officielle, il enseigne lui-même depuis 2018 dans un séminaire chiite de Machhad.

Associé aux exécutions massives de 1988

Pour l’opposition en exil et des défenseurs des droits humains, Ebrahim Raïssi est l’incarnation de la répression et son nom associé aux exécutions massives de détenus de gauche en 1988.

Nommé procureur adjoint du tribunal révolutionnaire de Téhéran au milieu des années 80, il a joué un rôle clé dans l’exécution en 1988 de milliers de détenus marxistes ou de gauche, essentiellement soupçonnés d’être membres du mouvement interdit des Moudjahidines du Peuple (MEK), selon les activistes. Le MEK est accusé d’attaques meurtrières en Iran au début des années 80. 

Interrogé en 2018 et en 2020 sur cette page noire de l’histoire récente, Ebrahim Raïssi a nié y avoir joué le moindre rôle, mais a rendu “hommage” à l’“ordre” donné selon lui par l’ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique, de procéder à cette épuration.

Les exécutions de masse de 1988, conduites entre juillet et septembre, restent un sujet tabou de l’histoire contemporaine du pays. Selon les activistes en exil, plusieurs milliers de détenus ont été tués. Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), aile politique du MEK, affirme pour sa part que 30.000 personnes ont été exécutées. Le chiffre réel est probablement plus près de quatre ou cinq mille.

Le Trésor américain a inclus en 2019 Ebrahim Raïssi dans sa liste de personnalités sous sanctions, l’accusant d’avoir fait partie de la commission de la mort en 1988 et d’avoir également participé à la répression du Mouvement vert contre la réelection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle de 2009. 

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