ALLERGIES - Vous n’arrêtez plus d’éternuer, tousser, d’avoir les yeux qui pleurent. D’habitude, vous gérez à peu près vos allergies saisonnières, mais cette année... Rien n’y fait! Sachez que vous n’êtes pas seul, et qu’il existe plusieurs explications à cet irritant phénomène.
“C’est vrai que de façon globale, on constate de plus en plus d’allergies, en raison de plusieurs facteurs; l’environnement, la génétique, nos modes de vie”, souligne le docteur Édouard Sève, vice-président du syndicat français des allergologues (Syfal), contacté par Le HuffPost. Au Royaume-Uni, en plus de celles et ceux ressentant des symptômes plus importants que d’habitude, plus d’un tiers (37%) des personnes interrogées auraient même développé des symptômes pour la première fois en cinq ans.
Ce phénomène pourrait bien être expliqué, en partie du moins, par les confinements que nous avons vécus durant un an. D’une part, car à la maison, nous sommes “confrontés aux acariens et à la poussière”, note Édouard Sève. D’autre part, car “le facteur stress peut accentuer les symptômes allergiques”, ajoute-t-il.
Accoutumance liée aux confinements
À cela pourrait s’ajouter une forme d’accoutumance ou plutôt, en l’occurrence, de non-accoutumance. Pensez à une personne allergique aux poils de chat. Celle-ci, si elle vit avec un chat, va s’y habituer petit à petit et les symptômes allergiques s’amoindrir - du moins avec ce chat, pas forcément avec ceux des autres. Pour Édouard Sève, il a pu se passer la même chose avec l’accoutumance aux pollens. Enfermés chez nous, donc moins confrontés aux allergènes extérieurs, nous ressortons d’un coup et les prenons de plein fouet.
Cette hypothèse est également avancée dans cet article du HuffPost américain: l’exposition aux allergènes, comme le pollen, permet avec le temps d’y devenir plus résistant. Si on supprime l’exposition, la résistance disparaît également.
Même son de cloche du côté de l’immunologue Daniel Altmann, de l’Imperial College London, interrogé par nos confrères du HuffPost UK: “Si vous passez plus de temps en intérieur, évidemment, vous inhalez moins de pollens, mais vous n’avez par ailleurs aucune chance de développer une immunité - votre corps n’a aucune chance de s’habituer aux pollens”, explique-t-il. “Donc, quand les restrictions ont été levées et que soudainement nous nous sommes mis à profiter de l’extérieur et à être exposés aux pollens, les gens ont commencé à expérimenter des symptômes plus sévères.”
Réchauffement climatique
D’autres facteurs qui n’ont rien à voir avec les confinements doivent par ailleurs être pris en considération. À commencer par l’impact de la météo et du réchauffement climatique.
“Cette année, il a plu tout le mois de mai, donc le pic d’allergies arrive maintenant, car il fait très beau et très chaud. Au lieu d’arriver progressivement, les pollens sont arrivés d’un coup”, avance Édouard Sève.
À plus long terme, c’est le réchauffement climatique qui joue sur le terrain des allergies. “Les pollens arrivent plus tôt, les saisons durent plus longtemps, et on n’est pas forcément confrontés aux mêmes plantes”, souligne-t-il.
C’est par exemple le cas de l’ambroisie, qu’on trouvait sur la côte méditerranéenne, mais qui remonte maintenant dans le pays, jusqu’à la région parisienne, ou encore des pollens des cyprès et des oliviers, qu’on voit de plus en plus apparaître dans le nord de la France.
“D’année en année, nous constatons que le changement climatique est un facteur majeur dans l’aggravation des symptômes allergiques au printemps et à l’automne”, avance Kenneth Mendez, président de l’Asthma and Allergy Foundation of America, contacté par le HuffPost américain.
Théorie hygiéniste
Autre hypothèse, “pas prouvée”, prévient Édouard Sève, mais que l’on retrouve dans les explications de ce phénomène d’aggravation des allergies: la théorie hygiéniste. C’est l’idée que “nos systèmes immunitaires ont été programmés pendant des millénaires d’évolution à gérer une planète sale, avec des infections bactériennes et des infestations de parasites”, explique Daniel Altmann. Sauf qu’à force de nous laver, de nous désinfecter, d’être plus propres, en somme, nous serions de plus en plus sensibles aux allergènes.
Enfin, il faut ajouter à tout cela une “prédisposition génétique”. “L’ensemble de nos gènes nous prédisposent ou non à devenir allergiques à un moment de notre vie”, ajoute Édouard Sève. “Une allergie peut se déclarer à n’importe quel moment de la vie, de même qu’à l’inverse le système immunitaire peut se calmer et tout peut rentrer dans l’ordre.” Autant dire que nous ne sommes pas près d’arrêter d’éternuer.
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