Il laisse rarement indifférent. Mais ça n’est pas parce qu’Eric Dupond-Moretti énerve, qu’il est ou sera forcément coupable. A l’inverse, l’admiration qu’il suscite, voire une véritable adulation pour certains, n’en fait pas un innocent par défaut. L’avocat devenu garde des Sceaux, et un peu, aussi, homme politique, avec tout ce que cela peut comporter de dérangeant, est un justiciable comme un autre.
En l’occurrence, c’est justement parce qu’il revêtit la robe de défenseur des causes perdues, puis porte le costume de ministre de la Justice que les soupçons qui pèsent sur lui font l’effet d’une petite bombe. C’est précisément parce que ces deux rôles, passé et présent, auraient pu se fondre à des fins pas vraiment honnêtes, que l’affaire est marquante.
Pour autant, une perquisition – celle du 1er juillet – n’a pas valeur de procès, même si le lieu des investigations n’est, ni plus, ni moins, que le ministère de la Justice. L’endroit est emblématique. Et l’opinion publique aura été marquée par la symbolique. Sa convocation devant les juges, le 16 juillet prochain, et la mise en examen qui pourrait en découler, ne le condamnent pas non plus de facto. Sinon à s’expliquer sur certains points, puisqu’on parle ici d’une éventuelle prise illégale d’intérêts. Il pourrait avoir profité de ses fonctions de ministre pour intervenir dans des dossiers pour lesquels il était auparavant avocat.
Comme on dit, la Justice devra faire son travail. Et pour le coup, voilà qui risque de poser problème, d’une certaine manière. Pensez donc : Eric Dupond-Moretti fut avocat. Il est devenu ministre de la Justice. Tout est dit. Les juges auront en permanence en tête à qui ils ont à faire. Avec tous les sous-entendus que cela implique et qui ne manqueront d’ailleurs pas d’être exploités, au moins politiquement. Disons-le comme ça.
L’article De la robe au costume – L’édito de Christophe Bonnefoy est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
0 Commentaires