Faute avouée… L’édito de Patrice Chabanet

Vue d’ici la Polynésie, c’est l’exotisme, les paysages de carte postale, des habitants chaleureux, les colliers de fleurs. Sur place, la réalité n’est pas vécue d’une manière aussi colorée. Il y a des zones grises qui obstruent les pensées de la population. Les 193 essais nucléaires réalisés entre 1966 et 1996 sur l’atoll de Mururoa ont laissé des traces dans les consciences. Emmanuel Macron n’a pu que le constater lors de son déplacement dans l’archipel. Assez régulièrement des actions ont été engagées contre l’Etat pour reconnaître sa responsabilité dans les conséquences sanitaires liées à ces essais. Depuis 2017, quelques dossiers avancent, mais trop peu aux yeux des associations en charge de ce contentieux. On imagine en effet la cascade d’expertises et de contre-expertises dans un domaine – le nucléaire militaire – hypersensible.

Le chef de l’Etat savait qu’il marcherait sur des œufs. Il n’a présenté aucune excuse, mais a reconnu une « dette » de l’Etat. Une manière d’accompagner partiellement la population locale dans ses doléances et, en même temps, de ne pas stigmatiser la politique de dissuasion nucléaire de la France, une stratégie immuable de la Ve République. Visiblement, l’étude des dossiers d’indemnisation a des chances d’être accélérée. Peut-on parler pour autant d’une forme de repentance ? Certainement pas. Les Polynésiens sont Français. Ils ne se tournent pas vers la métropole comme à l’égard d’un ancien colonisateur. Ils veulent simplement disposer des mêmes droits que les autres Français. Le droit d’exprimer leurs revendications. Le droit d’être écoutés même à des milliers de kilomètres de Paris. Le droit de ne pas être statufiés dans une vision idyllique. On appelle cela la normalisation dans l’apaisement.

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