Trop de statistiques tuent les statistiques ou, du moins, perturbent leur compréhension et leur interprétation. Le débat sur une éventuelle quatrième vague du Covid-19 le démontre une nouvelle fois. D’un côté, les gouvernements européens, dont le nôtre, nous mettent en garde contre la poussée fulgurante du variant indien, dit Delta. De l’autre, on apprend que notre pays est passé sous la barre des 1 000 malades en réanimation. Du jamais vu depuis septembre. D’un côté, la perspective du retour de nouvelles contraintes. De l’autre, la lumière au bout du tunnel. La contradiction n’est qu’apparente, car chaque trend (tendance) s’inscrit dans une logique différente. La prévision concerne les mois à venir et se fonde sur des extrapolations. Les hospitalisations et les réanimations prennent en compte la réalité d’aujourd’hui. Mais moulinées avec l’onction des experts à longueur de débats, toutes ces données se brouillent dans un impossible écheveau. Chacun y trouve matière à cultiver son optimisme ou son pessimisme.
Dès lors, on peut comprendre qu’une partie de nos compatriotes – en dehors de la frange des antivax irréductibles – hésite encore à se faire vacciner. Les stratégies contradictoires des Etats européens ajoutent à la confusion. Face au phénomène Delta, l’Angleterre a choisi, malgé tout, de se libérer des dernières restrictions sanitaires tandis que l’Espagne et l’Italie, au contraire, verrouillent leur dispositif. Le gouvernement italien va même jusqu’à sévir contre les soignants qui refusent de se faire vacciner. Emmanuel Macron se donne jusqu’à lundi – il disposera des toutes dernières statistiques – pour adapter sa stratégie à la nouvelle donne. En attendant, on arrive à se demander si dans une matière aussi mouvante la meilleure solution ne serait pas de jouer à pile ou face…
L’article L’écheveau des chiffres – L’édito de Patrice Chabanet est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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