Ambassadeur de cette 57e édition du Tour de l’Avenir, Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, prend un grand plaisir à découvrir de jeunes talents. “Le Blaireau” se confie sur la jeunesse triomphante à l’image du Slovène Tadej Pogacar.
Le Journal de la Haute-Marne : En quoi consiste votre rôle d’ambassadeur sur cette 57e édition du Tour de l’avenir ?
Bernard Hinault : « Le rôle d’ambassadeur, de relations publiques est d’accueillir des personnes et notamment des journalistes. Je faisais la même chose sur le Tour de France. Le Tour de l’Avenir m’intéresse particulièrement car c’est une compétition très sympathique et il s’agit de jeunes coureurs. Quand on voit les résultats avec les victoires d’Egan Bernal ou de Pogacar lors des éditions précédentes, on n’est pas surpris de les voir bien classés après sur la Grande Boucle. »
JHM : Le Tour de L’avenir est une course révélatrice de talents..
B. H. : « C’est sûr. Sur les 180 coureurs au départ, on va certainement en retrouver une trentaine dans le peloton professionnel à haut niveau et une dizaine qui sera dans le haut du panier. Cette épreuve permet à des coureurs qui ne sont pas très connus et qui viennent de pays pas très cyclistes de se montrer et de signer des contrats professionnels. Les meilleures équipes à travers le monde sont représentées sur ce Tour de l’Avenir. Et c’est génial. »
JHM : La Slovénie n’était pas réputée pour être un pays de cyclisme. Comment expliquez-vous les succès de Primoz Roglic et bien sûr de Tadej Pogacar ?
B. H. : « Roglic vient du saut à ski et puis il s’est mis au vélo et a tout de suite bien marché. Il a peut être attiré Pogacar dans son sillage. Ils ont des méthodes d’entraînement assez dures car ils ont envie d’être numéro 1. »
JHM : Selon vous, Tadej Pogacar est-il parti pour régner pour un long moment sur la Grande Boucle ?
B. H. : « Je pense qu’il est là pour un bout de temps même si cette année Egan Bernal n’était pas présent. Il a dominé la Grande Boucle comme un vrai professionnel, en contrôlant sa course. Il a fait un coup d’éclat sur l’étape du Grand Bornand où il s’impose avec près de cinq minutes d’avance pour ensuite contrôler ses principaux adversaires. On a eu de belles phases de course et c’était génial. »
« Les jeunes n’ont pas froid aux yeux »
JHM : Est-ce possible à l’avenir de voir un Français s’imposer sur le Tour ?
B. H. : « Cela ne tient qu’à eux, mais pour l’instant, on n’en a pas. C’est sûr et certain. Pendant quatre années, les Belges étaient dans notre cas et là ils ont l’occasion avec Remco Evenepoel, qui est un phénomène, de viser la victoire générale. Chez nous, ce coureur qui n’est pas fait comme les autres, on ne l’a pas. Sur les quatre années qui viennent, il y a une génération de jeunes coureurs, avec du tempérament, qui n’hésite pas à bouleverser les codes du cyclisme. Julian Alaphilippe, qui est un coureur de coup, ne gagnera jamais la Grande Boucle. Il faut en être bien conscient. Quand on arrive dans la haute montagne, Alaphilippe a du mal à tenir quatre jours de suite. Mais il ne faut pas lui enlever le mérite de se battre. »
JHM : Sur ce Tour de l’Avenir, on voit également beaucoup de chutes comme sur le Tour…
B. H. : « C’est normal car ces jeunes coureurs qui ont moins de 23 ans sont nerveux et veulent faire la course. Ils n’ont pas froid aux yeux et ils n’hésitent pas à rentrer dans le tas. Ils essaient de se montrer et dans ce cas, il n’y a pas de la place pour tout le monde. La chute, qui s’est produite hier (mardi), était dans une ligne droite. La nervosité est palpable dans le peloton. »
Propos recueillis par Romain Randoing
L’article Bernard Hinault : « Pogacar est là pour un bon moment » est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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