AFFAIRE DES SOUS-MARINS - Le Premier ministre australien Scott Morrison a “délibérément dupé” Paris en rompant le contrat de sous-marins avec la France, a accusé ce mercredi 29 septembre son prédécesseur Malcolm Turnbull, à l’origine de l’accord sur les submersibles français.
“Morrison n’a pas agi de bonne foi. Il a délibérément trompé la France. Il n’a pas d’autre argument pour justifier son comportement que de dire que c’était dans l’intérêt de l’Australie”, a expliqué Malcolm Turnbull devant le National Press Club à Canberra.
Le “mépris” de l’Australie
L’ex-Premier ministre, dont le gouvernement a approuvé le contrat de sous-marins avec la France en 2016, s’est montré cinglant sur la façon dont Scott Morrison a géré le changement de pied, dans le cadre d’une nouvelle alliance avec Washington et Londres. “La France pense qu’elle a été trompée et humiliée et elle l’a été. Cette trahison de la confiance va marquer nos relations avec l’Europe pour des années”, a ajouté Malcolm Turnbull.
“Le gouvernement australien a traité la République française avec mépris”.
Selon l’ex-chef du gouvernement, malgré le nouveau partenariat de défense entre les trois pays anglo-saxons, aucun contrat n’a été signé pour doter l’Australie de sous-marins à propulsion nucléaire, qui devraient être des britanniques Astute ou des américains Virginia.
“Maintenant, l’Australie n’a plus du tout de programme de nouveaux sous-marins”, a-t-il déploré. “La seule certitude, c’est que nous n’aurons pas de nouveau sous-marin avant 20 ans et leur coût sera bien plus élevé que ceux de conception française”.
Le coup de colère de Paris
Scott Morrison a assuré que la décision de préférer des sous-marins à propulsion nucléaire a été motivée par un changement de dynamiques dans la région Asie-Pacifique, où la puissance militaire chinoise accroît ses prétentions sur quasiment l’ensemble de la mer de Chine méridionale.
Ce changement a provoqué la colère de Paris qui dit avoir perdu un contrat dont le montant de départ atteignait 31 milliards d’euros. Décrivant la décision de Canberra comme un “coup dans le dos”, la France avait rappelé ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie.
Après un entretien téléphonique avec son homologue américain Joe Biden, le président français Emmanuel Macron avait annoncé un retour de son ambassadeur à Washington cette semaine. Aucune date n’a en revanche été donnée pour le retour du représentant français à Canberra et aucun entretien entre Emmanuel Macron et Scott Morrison n’a été annoncé.
Scott Morrison et Malcolm Turnbull sont deux rivaux au sein du Parti libéral australien, le premier ayant pris la place du second à la tête du pays en août 2018 après que Malcolm Turnbull a été rejeté par l’aile conservatrice du parti.
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