À l’hôpital de Langres, les 3 médecins urgentistes ayant refusé la vaccination par ARN messager ont vu leurs contrats de travail suspendus. Grâce à l’embauche d’intérimaires, le service complet SMUR-urgences est garanti jusqu’au 18 octobre 2021. Au-delà, l’inquiétude pour le maintien des urgences de nuit prédomine.
Sans surprise, leur suspension a été prononcée. Les 3 médecins urgentistes du centre hospitalier de Langres refusant l’obligation de vaccination (avec un vaccin de type ARN messager) ont vu leurs contrats de travail suspendus le 15 septembre 2021, en application de la loi d’urgence sanitaire. « Nous avons reçu des consignes fermes, nous les mettons en place », confirme Camille Duquennoy, directrice de la communication des centres hospitaliers de Chaumont, Langres et Bourbonne-les-Bains, tout en relevant que « le dialogue n’est pas rompu ».
« Pourquoi ne pas travailler avec un test PCR ? »
Pour l’heure, et alors que, d’après nos informations, un collectif des personnels hospitaliers non-vaccinés est en cours d’élaboration, le statu quo prédomine. « Je reste un peu amère par rapport à tout cela, surtout quand je vois toutes les heures que nous avons dû faire depuis le début de la crise », confirme Carina Poinsot, l’une des 3 médecins, qui ne comprend pas l’intransigeance gouvernementale : « Préfère-t-on une population langroise sans médecin ? En quoi cela poserait-il problème que nous allions travailler chaque jour avec un test PCR que nous payons ? ».
Le secteur urgences/SMUR de l’hôpital langrois s’est mécaniquement retrouvé en tension. La direction est parvenue à recruter des médecins urgentistes intérimaires. Pour le moment, comme le confirme Camille Duquennoy, « les plannings sont réalisés jusqu’au 18 octobre. L’ouverture des urgences 24 h/24 est garantie jusqu’à cette date-là grâce aux praticiens en place et aux intérimaires qui se partagent le temps de travail ».
Vers la fixation d’une date butoir
Au-delà, la situation devrait rester sous contrôle sur l’ensemble du mois d’octobre. Mais, à moyen terme, elle ne pourra pas être gérée, notamment parce que l’emploi de personnels médicaux intérimaires représente un coût important. « Je peux vous dire, en toute transparence, que nous sommes inquiets. Une telle situation ne peut pas se prolonger sur la durée, et nous n’avons pas de visibilité à long terme », reconnaît Camille Duquennoy.
Une prochaine réunion doit se tenir dans deux semaines pour fixer une véritable “deadline”. « Nous allons devoir mettre une date butoir, au-delà de laquelle nous ne pourrons plus continuer et devrons prendre des mesures. Cette date reste à fixer », indique la porte-parole de la direction hospitalière. D’après nos informations, et comme nous l’avions écrit le 15 septembre, c’est le maintien des urgences de nuit qui se trouverait alors menacé. Le service pourrait être fermé au-delà même de la période dite de la “nuit profonde”, de 22h à 9 h.
Chaumont ou Dijon en capacité d’amortir ?
Le cas échéant, les urgences nocturnes devraient alors être redirigées vers Chaumont ou Dijon, selon la localisation. « Mais ces deux urgences seront-elles en capacité d’absorber ce surplus ? Honnêtement, je n’en suis pas sûr », confie un membre de la communauté médicale du territoire. Qui s’interroge sur la suite des événements. Nous n’en sommes donc pas encore là. Mais le compte-à-rebours est bel et bien lancé.
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr
Hôpital unique : le “oui mais” du CDT
Une conférence des maires de l’ensemble du Pays de Langres va se tenir, ce soir, à Peigney, sur la thématique de la santé. En amont de cet événement, le Comité de développement territorial (CDT, un organe consultatif auprès du Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Pays de Langres et des collectivités locales, qui mêle élus et représentants de la société civile) s’est réuni, lundi soir, à Langres, pour une séance préparatoire. Le président, Christophe Minoux, avait invité Mathieu Thiébaut et le docteur Francis Grosjean, de l’association Avenir santé sud Haute-Marne (ASSHM), représentant les usagers locaux de la santé.
L’hôpital et l’annonce, en juillet, par le président du Conseil départemental Nicolas Lacroix, de la construction d’un nouvel établissement à Chaumont ont occupé l’essentiel des débats. Mathieu Thiébaut a fait part, à nouveau, de la position de principe de l’ASSHM, proposant un hôpital unifié qui ne soit ni Langres, ni à Chaumont, tout en reconnaissant que cette perspective semblait désormais peu probable, compte tenu de l’ensemble des freins politiques. Après un tour de table complet, le CDT a conclu de la même manière. « Nous sommes favorables à cette proposition, mais, devant une autre donne politique, appelons à privilégier un plan B pour améliorer l’offre à Langres », a résumé Christophe Minoux. En clair, la construction d’un autre hôpital dans la cité de Diderot serait particulièrement appréciée. La parole sera, ce soir, aux élus du territoire sur ce sujet brûlant.
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