Peine de mort: combien de pays pratiquent encore?

French Minister of Justice Robert Badinter presents his plan for the abolition of the death penalty to the deputies. (Photo by Michel Philippot/Sygma via Getty Images)

PEINE DE MORT - “Demain, grâce à vous la justice française ne sera plus une justice qui tue.” Quelques semaines après ce discours historique du ministre de la Justice Robert Badinter, la peine de mort était officiellement abolie en France, le 9 octobre 1981. La France était alors le 36e pays au monde à prendre cette décision.

40 ans après, une cinquantaine de pays, dont les États-Unis ont toujours recours cette sentence. Décapitation, électrocution, pendaison, peloton d’exécution ou encore injection létale: les méthodes prévues sont nombreuses, souligne Amnesty International.

Dans son dernier rapport portant sur 2020, l’ONG compte 108 pays abolitionnistes en droit (comme la France), 28 en pratique (ceux qui n’ont pas eu recours à l’exécution depuis au moins 10 ans), et 8 ayant aboli la peine capitale pour les crimes de droit commun (Brésil, Burkina Faso, Chili, Guatemala, Israël, Kazakhstan, Pérou, Salvador).

18 pays ont pratiqué des exécutions en 2020

En 2020, Amnesty International a recensé 483 exécutions dans 18 pays (en rouge sur la carte ci-dessous), une baisse de 26% par rapport à l’année précédente et en chute continue depuis cinq ans. Quatre pays ont été responsables de 88% des exécutions: l’Iran (246), l’Égypte (107), l’Irak (45) et l’Arabie saoudite (27). Par ailleurs, si la Chine est soupçonnée d’exécuter le plus personnes dans le monde, impossible d’avoir accès au chiffre exact. L’ONG estime à plusieurs milliers le nombre d’exécutions dans ce pays.

Parmi les autres pays ayant exécuté des condamnés cette année-là se trouvent: le Bangladesh, le Botswana, la Corée du Nord, les États-Unis, l’Inde, Oman, le Qatar, la Syrie, la Somalie, le Soudan du Sud, Taiwan, le Vietnam, et le Yémen.

Toutefois, l’histoire semble aller dans le sens de l’abolition, même dans les pays qui ont le plus recours au châtiment capital. L’Iran a par exemple introduit en 2018 une loi permettant de limiter les condamnations à mort pour trafic de drogue, et l’Arabie saoudite a interdit la peine de mort pour les mineurs en 2020.

Vers l’abolition universelle?

Du côté des États-Unis, la situation est singulière. Après Donald Trump, qui avait accéléré les exécutions avant de quitter la Maison-Blanche, le président Joe Biden a annoncé un moratoire fédéral. 

Mais ces peines se jouent aussi au niveau des États, dans lesquels les situations varient. Ainsi, la Virginie a rejoint en mars dernier les 22 autres États américains abolitionnistes, une décision d’autant plus symbolique que ce territoire détient le record d’exécutions dans l’histoire américaine et qu’aucun État de l’ancien Sud confédéré n’avait encore franchi ce pas. Trois autres États (Californie, Oregon, Pennsylvanie) observent un moratoire. Cela signifie que la moitié des États américains continue d’appliquer la peine de mort.

Comme la Virginie à son échelle, trois pays (en vert sur la carte ci-dessus) ont rejoint la liste des pays abolitionnistes en 2021: le Kazakhstan (qui l’avait abolie en droit commun) et le Malawi. Quant à la Sierra Leone, elle a promulgué ce vendredi 8 octobre la loi votée en juillet. 

Sur le continent européen, seuls deux pays n’ont pas aboli la peine de mort, la Biélorussie et la Russie. Toutefois, cette dernière observe un moratoire depuis 20 ans. 

Alors, le monde tendrait-il vers l’abolition universelle? Robert Badinter, interrogé lors d’un colloque à l’Assemblée nationale en septembre dernier, en est lui persuadé:  “Je suis certain que le mouvement vers l’abolition se poursuivra. Tôt ou tard elle triomphera.”

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