FOOTBALL - La scène est relayée depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux et crée la controverse, comme l’embarras pour la Fédération internationale de football (Fifa). Lors de la cérémonie de remise des trophées de la Coupe du monde des clubs, le jeudi 11 février à Doha au Qatar, le cheikh Joaan bin Hamad Al Thani a salué du poing l’arbitre principal de la finale opposant le Bayern de Munich au club mexicain des Tigres de Monterrey, puis deux autres arbitres assistants le suivant.
En revanche, lors de la remise de leur médaille, le président de la Fifa, Gianni Infantino arrête plus longuement les deux assistantes féminines de la rencontre, les Brésiliennes Edina Alves Batista et Neuza Back. S’il n’est pas possible d’entendre ou de savoir ce qu’il leur dit, les deux arbitres parcourent le podium sans saluer, cette fois, le membre de la famille royale, également président du Comité olympique du pays du Golfe.
La scène filmée par Fox Sports 1, a été relayée et dénoncée sur Twitter par l’acteur et homme politique écologiste italien, Giulio Cavalli, ainsi que par plusieurs médias internationaux, dont Valeurs actuelles et CNews ce week-end en France. Coupée avant son terme, la séquence ne permet pas de voir si les arbitres masculins qui suivent les deux femmes font ou ne font pas de salut au cheikh.
Finale del mondiale per club in Qatar, premiazioni.
— Giulio Cavalli (@giuliocavalli) February 14, 2021
Il presidente della FIFA Infantino istruisce le donne della squadra arbitrale per non dare fastidio allo sceicco e evitare contatti impuri.
Il calcio ai diritti preferisce le valigette piene di soldi.
Che imbarazzo. pic.twitter.com/KuCSPyyc2j
“Finale du championnat du monde des clubs au Qatar, cérémonie de remise des prix. Le président de la FIFA, Infantino, demande aux femmes de l’équipe arbitrale de ne pas ennuyer le cheikh et d’éviter les contacts impurs. Le football préfère les mallettes pleines d’argent aux droits. Quel embarras”, Giulio Cavalli sur Twitter le dimanche 14 février 2021.
Tout ce que nous gagnerons à participer à une coupe du monde au Qatar, c’est la honte de cautionner cela, notamment. https://t.co/ZXqmaYihgi
— Xavier Alberti (@xavier_alberti) February 14, 2021
“Aucune intention d’offenser”
Si la Fifa ne s’est pas encore expliquée et n’a pas réagi, le Comité d’organisation de la Coupe du monde des clubs au Qatar a, lui, plaidé le “malentendu” dans un communiqué adressé à l’agence de presse américaine Associated Press (AP), et publié ici par la chaîne ESPN, assurant qu’il n’y avait “aucune intention d’offenser”.
Le Comité renvoie même à la situation sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. “Pour limiter le risque de propagation du virus COVID-19, des protocoles stricts étaient en place et il était fortement conseillé à toutes les personnes impliquées dans le tournoi d’éviter tout contact physique”, assure le communiqué. “Dans ce cas, le malentendu est né de la perception que trois des officiels du match ne voulaient pas mener le coup de poing habituel avec ‘Son Excellence le cheikh Joaan bin Hamad Al Thani’, ce qui était bien sûr leur droit”.
“La décision de s’engager dans toute forme de contact physique reste une préférence personnelle pour tous les joueurs, entraîneurs et arbitres, et est respecté par tous les membres du comité d’organisation de ce tournoi et de la Coupe du monde de football de l’année prochaine”, assure le Comité d’organisation de ce tournoi remporté par le Bayern de Munich.
Sans réactions et confirmations des deux principales concernées et devant une situation invérifiable, le journaliste Rob Harris et l’agence ont confirmé dimanche après-midi avoir finalement supprimé leur dépêche.
Have deleted references to the Qatar statement on Club World Cup fist-bump issue with female officials and video which FIFA believes shows wider context because the situation is unclear and we can’t ask the the people involved directly
— Rob Harris (@RobHarris) February 14, 2021
La séquence vient en tout cas ruiner la communication de la Fifa ces derniers mois pour ouvrir l’arbitrage aux femmes. L’instance avait fait de la participation de trois arbitres femmes lors de ce tournoi à Doha un événement majeur et un “geste très symbolique”.
Dans une interview diffusée le mercredi 10 février sur la chaîne de sport qatari beINSPORTS, Gianni Infantino avait même confirmé vouloir “faire tomber plus de barrières et avoir plus de femmes arbitres parce que cela envoie un message important au monde”.
FIFA president Gianni Infantino tells beIN SPORTS that having more women officiating men's games at the Club World Cup is not a symbolic gesture.https://t.co/Epi5TwdujE
— beIN SPORTS USA (@beINSPORTSUSA) February 11, 2021
The #ClubWC match officials announced today include female trio Edina Alves Batista, Neuza Back & Mariana De Almeida. They continue the path started at the 2017 FIFA U17WC by Esther Staubli, followed by Claudia Umpierrez in 2019. 👩 💪 🙌https://t.co/ZKIdzZuWA8pic.twitter.com/YSLGb8889A
— FIFA Women's World Cup (@FIFAWWC) January 4, 2021
Depuis l’attribution du Mondial en décembre 2010, les soupçons de corruption de plusieurs membres du football, dont Michel Platini, ainsi que les questions relatives aux droits des travailleurs embauchés pour construire les stades, suscitent régulièrement la controverse et les critiques.
Une autre décision des organisateurs du Mondial fait également débat ces derniers jours: l’alcool sera disponible dans ces enceintes mais uniquement dans les loges VIP, en attendant une décision sur l’accès général des supporters à ce type de boissons dans une nation musulmane qui applique des règles strictes en matière de consommation d’alcool.
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