G5 Sahel: de Serval à Barkhane, 8 ans d'engagement et plus de 50 soldats français

Des soldats français de l'opération Barkhane patrouillant au Burkina Faso, à la frontière avec le Mali et le Niger, en novembre 2019.

G5 SAHEL - Huit ans d’engagement militaire au Sahel, des milliers de soldats mobilisés, de nombreuses victoires tactiques mais qui peinent à se traduire politiquement. Alors que s’ouvre ce lundi 15 février le sommet du G5 Sahel à N’Djamena, la France réfléchit à “ajuster” ses efforts.

Quelques jours avant ce sommet, l’Elysée a confirmé “une réflexion en cours” sur le cas de la force militaire Barkhane, comme l’avait annoncé en janvier Emmanuel Macron. Mais cette question est “discutée avec les partenaires sahéliens de la coalition”, a précisé un conseiller. “Les modalités seront décidées au cours des prochaines semaines et prochains mois”.

La France, qui mobilise 5100 militaires pour Barkhane, souhaite notamment un engagement croissant de ses alliés européens et un relais politique plus efficace des Etats africains sur le terrain. Dans le cadre des opérations Serval puis Barkhane, la France a déploré plus de 50 morts en huit ans dans ses rangs.

2012: les jihadistes dans le Nord du Mali

Le 17 janvier 2012, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et d’autres combattants rentrés de Libye lancent une offensive dans le Nord du Mali. 

Fin mars, les rebelles indépendantistes, vite évincés par leurs alliés islamistes associés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont Ansar Dine dirigé par le chef touareg Iyad Ag Ghaly, prennent le contrôle des trois régions du Nord: Kidal, Gao puis Tombouctou.

Le 11 janvier 2013, la France lance l’opération Serval au Mali pour enrayer la progression des jihadistes. Fin janvier, les soldats reprennent Gao, entrent sans combat dans Tombouctou et s’emparent de l’aéroport de Kidal. Peu après, le président François Hollande est accueilli en libérateur. 

Le 1er juillet, la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) prend le relais d’une force panafricaine.

2014: Barkhane remplace Serval

En mai 2014, cuisante défaite pour l’armée malienne à Kidal: des groupes rebelles touareg et arabes reprennent le contrôle de la ville. Le 1er août, Serval est remplacée par Barkhane, une opération à vocation régionale forte de 3000 soldats français au Sahel. Ils sont aujourd’hui 5100.

En mai-juin 2015, l’accord de paix dit d’Alger est signé entre gouvernement et ex-rébellion. Jamais appliqué, il reste la référence pour une sortie de crise. 

Depuis, les violences se sont propagées vers le sud, puis le Burkina Faso et le Niger voisins. En février 2021, Bernard Emié, patron du renseignement extérieur français, confirme que les pays du Golfe de Guinée, notamment le Bénin et la Côte d’Ivoire, sont eux aussi devenus des cibles d’Al-Qaïda.

2015-19: attentats en série

A partir de 2015 se multiplient les attaques contre les forces sahéliennes ou étrangères, ainsi que des lieux fréquentés par des étrangers. Engins explosifs artisanaux, attaques éclair de jihadistes à moto, attentats.

Le 20 novembre, un attentat contre l’hôtel Radisson Blu fait 20 morts, dont 14 étrangers. Depuis, l’état d’urgence est imposé quasiment sans interruption au Mali.

En mars 2017, les jihadistes liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont les groupes de l’Algérien Mohktar Belmokhtar et du prédicateur radical peul Amadou Koufa, se fédèrent en un “Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans” (GSIM), dirigé par Iyad Ag Ghaly.

La région est aussi aux prises avec le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS), auteur d’une série d’attaques d’ampleur fin 2019 contre des bases militaires au Mali et au Niger. Il est désigné ennemi numéro un lors du sommet de Pau (Sud-Ouest de la France) de janvier 2020 entre Paris et ses partenaires du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad).

- 2020: des chefs tombent

Outre l’accent mis sur l’EIGS, Barkhane poursuit en 2020 sa politique de “neutralisation” des cadres jihadistes.

Le 4 juin, le chef d’Aqmi, l’Algérien Abdelmalek Droukdel, est tué par Barkhane au Mali. Un succès symbolique majeur. En novembre, c’est au tour de Bah Ag Moussa, “chef militaire” du GSIM, d’être abattu par la France. 

Mais les jihadistes ne lâchent pas leur emprise. L’EIGS tue six humanitaires français en août 2020 au Niger. Et Al-Qaïda poursuit ses attaques: ses hommes tuent cinq soldats français en moins d’une semaine entre fin décembre 2020 et début janvier 2021, et attaquent en février un poste militaire malien, faisant 10 morts parmi les soldats. 

La France devrait bientôt réduire les effectifs de sa force antijihadiste au Sahel, annonce la ministre française des Armées Florence Parly dans une interview au Parisien début janvier 2021, alors que 600 soldats avaient été envoyés en renfort en février 2020. Emmanuel Macron le confirme lors de ses vœux aux armées à Brest.

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Two French soldiers wait to embark aboard of a British Chinook helicopter nearby the new French military base of Gossi, in center Mali, on March 24, 2019. - A few kilometers from the Malian town of Gossi, the French counter-terrorism Barkhane mission in Africa's Sahel region, brings out of the ground a new base to allow his soldiers to gain a foothold in the arid zone of Gourma. Located 150 km west of Gao, northern Mali, where Barkhane headquarters is located in Mali, this former base of the United Nations (UN) Mission, the Minusma, is ideally placed to shine in the region, according to the soldiers. (Photo by Daphné BENOIT / AFP) (Photo credit should read DAPHNE BENOIT/AFP via Getty Images)

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