Dans "À tous les bâtards", Eddy de Pretto a transformé sa quête identitaire en "cri de rassemblement"

MUSIQUE - Trois années se sont écoulées depuis la sortie de “Cure”, son premier album, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Eddy de Pretto a toujours des sujets “sous tension”, pour reprendre ses mots, à défendre et porter. Dans ”À tous les bâtards”, son petit deuxième qui sort ce vendredi 26 mars, le chanteur propulsé en 2017 par le single “Kid” se livre toujours autant. Mais différemment. La quête identitaire qu’a représentée “Cure” s’est subtilement métamorphosée en un “cri de rassemblement”, comme il l’explique au HuffPost dans la vidéo ci-dessus.

Lorsqu’on le rencontre dans un studio de répétition du 10e arrondissement de Paris, Eddy de Pretto l’admet, il n’a pas dormi de la nuit. “Je suis crevé, très angoissé, il y a plein de choses qui tournent dans ma tête”, confie-t-il. Le premier album, une vraie surprise pour lui, a connu un succès phénoménal. “Maintenant que je sais ce que c’est, et que ça m’a fait du bien, j’ai envie soit que ça fasse pareil, soit que ça fasse plus”, espère-t-il. 

Dans “Cure”, l’auteur-compositeur de 27 ans se livrait à cœur ouvert. Homosexualité, virilité, relation avec sa mère, différence, drogue sont autant de sujets qu’il portait, parfois à travers une rage tangible. Ces thèmes ne sont pour autant pas tout à fait délaissés dans ”À tous les bâtards”, mais Eddy de Pretto les aborde autrement. “La différence avec le premier, c’est qu’il y posait une question de quête identitaire, il était tourné vers soi. Comment je dois être, quel masque je dois porter, est-ce que je dois faire semblant dans une société qui n’est pas faite pour moi, comment me représenter, il y avait vraiment un truc de recherche personnelle. Sur le deuxième, il y a toujours de la recherche, mais avec un truc un peu plus assumé. Je peux dire: je ne fais plus semblant, j’assume mes bizarreries, j’assume mon étrangeté, j’assume ce qui a fait la différence chez moi, et la transformer en force au lieu de la cacher. C’est un épanouissement, quelque chose de plus assouvi, plus cool.”

“Je voulais un côté fédérateur, inclusif”

Davantage tourné vers les autres, cet album s’adresse, comme son nom l’indique, ”À tous les bâtards”, tous ceux qui sont jugés différents, ne collent pas parfaitement aux normes de la société. “Je voulais un côté fédérateur, collectif, inclusif dans ce deuxième album, et chercher une notion de créer une unité ensemble, un cri de rassemblement. Pour moi c’était nécessaire, à cette époque où on nous permet de voir, d’entendre et d’écouter les plus différents d’entre nous, les plus victimes, les plus en lutte, les plus de cultures différentes, tout ça, j’avais envie d’en faire partie également”, avance celui qui est né à Créteil. 

Pour trouver l’équilibre entre les sujets qu’il décrit comme “sous tension” ou encore “sous urgence”, qui “brûlent” en lui, et une plus grande ouverture aux autres, Eddy de Pretto signe un album de 15 morceaux parmi lesquels des titres très mélodieux et entraînants. Sa manière à lui de tendre vers un juste milieu entre “la dureté, la tension et la brutalité des mots, et un peu plus de détente, de décontraction, de mélodie”.

Le titre “Parfaitement”, révélé en amont de la sortie de l’album par une collaboration avec Colors x Studio, en est l’illustration même. “Il n’y aura jamais d’espace pour enfant dans mon planning - Tu n’verras jamais de place dans ma berline pour vie d’famille (...) Parfaitement, je n’serais jamais comme t’es / Car j’ai rien fait comme tu m’as dit / Mais tu vois je souris aussi / Parfaitement, je n’serais jamais assez / Par rapport à toutes tes envies / Mais tu vois c’est aussi joli”, chante-t-il. Un morceau en apparence très léger, qui porte un vrai message de fond; être différent, ne pas se reconnaître dans les normes (un papa, une maman, des enfants, une voiture, un chien), c’est tout aussi acceptable. 

Que l’on ne s’y trompe pas, pour Eddy de Pretto, un texte est toujours un “papier buvard de la société”. Même derrière un album plus coloré, plus solaire, plus ouvert, les mots qu’ils couchent sur le papier ont cette même ambition: “faire réfléchir, bousculer, sensibiliser”. 

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