Le Chili se reconfine, malgré son taux de vaccination le plus élevé du monde

Un centre de vaccination anti-Covid-19 à Santiago, au Chili, le pays le plus avancé du monde pour la vaccination

CHILI - Le Chili est le pays le plus avancé en Amérique latine pour la vaccination anti-Covid, mais il fait face à une brutale recrudescence des infections qui a forcé le gouvernement à imposer un nouveau confinement dès ce samedi 27 mars. 

Dans ce pays de 19 millions d’habitants, une campagne particulièrement efficace a déjà permis à six millions de personnes de recevoir au moins une dose de vaccin et à plus de trois millions d’être vaccinées. 

Mais dès ce samedi, plus de 80% de la population sont soumis à un nouveau confinement total, sans même la possibilité de sortir pour acheter des produits de base le week-end. 

Alors que les autorités sanitaires espèrent que les premiers effets de la vaccination se feront sentir en avril, le gouvernement du conservateur Sebastian Piñera a appelé la population à consentir “un dernier effort” pour vaincre la pandémie. 

Le ministre de la Santé, Enrique Paris, a reconnu que le confinement était une mesure “dure mais nécessaire” pour contrôler le virus, notamment dans la région métropolitaine de Santiago de Chili, la région la plus peuplée du Chili avec 7,1 millions d’habitants.

La présence de nouveaux variants du virus, le relâchement de la population face à la progression rapide de la vaccination et la fin des grandes vacances dans l’été austral ont contribué à l’augmentation des infections, selon les experts.

Jeudi, plus de 7.000 contaminations ont été enregistrées en 24 heures, soit le deuxième chiffre le plus élevé depuis le début de la pandémie. Au total, le pays a enregistré 962.321 cas déclarés, dont 22.587 mortels. 

 

Patients plus jeunes et formes plus graves 

La vaccination et la hausse des infections “sont des phénomènes qui évoluent sur des voies totalement distinctes”, explique à l’AFP Darwin Acuña, président de la Société chilienne de soins intensifs. 

La campagne de vaccination a débuté le 24 décembre, d’abord pour le personnel médical, puis à partir du 3 février pour la population, en commençant par les personnes les plus âgées ou exposées. 

“L’effet du vaccin pour la population la plus à risque n’a pas encore été observé, car la deuxième dose pour cette population à risque vient d’être administrée (il y a environ 10 jours)”, précise M. Acuña. 

D’ici la mi-avril, on devrait “constater un effet réel sur les besoins en lits de réanimation” pour cette population et sur les chiffres de la mortalité, ajoute-t-il. 

Comme dans d’autres pays, les médecins réanimateurs constatent des différences par rapport à la première vague, avec des patients plus jeunes et plus gravement atteints. 

“Il semble que ce soit plus agressif que l’année dernière. Il y a des patients qui arrivent presque directement en réanimation pour être intubés”, explique à l’AFP Hector Ugarte, médecin à l’hôpital San Pablo de Coquimbo, une ville côtière située à 460 km au nord de Santiago. 

Variant brésilien responsable d’une flambée des cas de Covid-19

Jeudi, les autorités ont confirmé qu’après le variant britannique, “45 cas du variant brésilien” avaient été identifiés. Ce variant P.1, une mutation beaucoup plus virulente du SARS-CoV-2, est responsable d’une flambée épidémique au Brésil et dans plusieurs de ses voisins sud-américains. 

Au Chili, le taux d’occupation des unités de réanimation est désormais de 95%. 

L’objectif du gouvernement est de vacciner 15 millions de personnes d’ici le 30 juin, afin d’atteindre l’immunité collective tant espérée. 

Malgré l’augmentation du nombre d’infections, la population suit avec espoir l’évolution de la campagne de vaccination menée pour l’heure avec les vaccins germano-américain Pfizer-BioNTech et Coronavac du chinois Sinovac. 

A Ancud, dans le sud du Chili, une maison de retraite où les résidents et le personnel avaient reçu une dose du vaccin chinois la première semaine de février a résisté à un foyer épidémique qui a touché 70 personnes. Seule une résidente qui n’avait pas été vaccinée est décédée.

Dans les hôpitaux, on est également optimiste: “Au pic de la pandémie en 2020, l’hôpital de Coquimbo comptait entre 150 et 170” malades du Covid-19 parmi les 1.700 employés, rappelle M. Ugarte. 

“Actuellement, alors que 80% du personnel a reçu les deux doses de vaccin depuis plusieurs semaines, il n’y en a qu’un !”, souligne le médecin visiblement excité par ce qu’il considère comme “la première grande démonstration” de l’impact du vaccin.

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