Passes d'armes entre le patron de l'AP-HP et un député LREM

Le député LREM Florian Bachelier le directeur de l'AP-HP Martin Hirsch.

COVID-19 - “Vous ne me connaissez pas.” Voici le genre de formules cinglantes échangées ces jours-ci entre un député de la majorité et l’un des plus hauts fonctionnaires de la santé publique, en pleine troisième vague du coronavirus. Depuis la tribune alarmiste de 41 médecins réanimateurs et urgentistes franciliens publiée le 27 mars dans le JDD, le torchon brûle entre Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, et le premier questeur de l’Assemblée nationale Florian Bachelier (LREM).

“Ils font de la politique. Martin Hirsch, c’est le directeur de campagne de Madame Hidalgo, quasiment”, a d’abord lâché le député sur le plateau de CNEWS, le 30 mars, dans la foulée de cette missive de soignants annonçant un “tri des patients” et critiquant des mesures gouvernementales “insuffisantes pour inverser rapidement la courbe alarmante des contaminations”.

Le haut fonctionnaire est ainsi accusé d’être à l’initiative de cette tribune, même s’il n’est pas signataire. “La seule chose qu’a prévue Martin Hirsch depuis un an c’est de ne rien prévoir”, ajoutait même l’élu LREM, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron. Des accusations de manœuvres politiques et un procès en incompétence qui ont, sans surprise, mis le feu aux poudres.

Une “affabulation complète”

Après ces déclarations, Martin Hirsch a aussitôt dénoncé des “contre-vérités” et une “affabulation complète” qui “lui portent gravement préjudice”, dans un courriel envoyé à Florian Bachelier et révélé sur Twitter par Marcelo Wesfreid, journaliste politique au Parisien. “Ni directeur, ni membre d’une campagne politique ou électorale, juste cible d’une campagne de calomnie que vous alimentez”, proteste-t-il.

“Je ne sais pas à combien de questions vous pourriez répondre sur un simple quizz concernant l’AP-HP (nombre de personnels formés à la réanimation depuis l’année dernière, matériels acquis pour faire face à la crise, etc.)”, réplique le fonctionnaire, renvoyant les reproches en incompétence à l’encontre du député LREM.

Ce vendredi 2 avril, voilà qu’une nouvelle pièce s’ajoute dans la machine, alors que notre confrère du Parisien révèle de nouveau la réponse de Florian Bachelier. “Du haut de cette éminente responsabilité, je comprends parfaitement que vous puissiez vous interroger sur la légitimité d’un élu de la République à s’exprimer dans les médias. Après tout, vous êtes haut fonctionnaire, je ne suis qu’élu”, écrit le député dans une lettre particulièrement teintée d’ironie. 

“Permettez-moi de vous retourner quelques questions qui intéressent davantage les Français dans le moment: Quel est le nombre exact de lits en réanimation que vous avez créés de puis six mois? Considérez votre bilan personnel de gestion de crise parfaitement irréprochable?”, demande notamment Florian Bachelier.

Cet échange houleux serait-il révélateur d’une relation de plus en plus tendue entre le monde médical et la majorité présidentielle? Quoi qu’il en soit, dans leur tribune au JDD, les soignants semblent marquer un changement de ton face à l’aggravation de leurs conditions de travail et de la situation sanitaire: “Nous ne pouvons rester silencieux sans trahir le serment d’Hippocrate que nous avons fait un jour.”

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