Un "amendement Unef" contre les réunions non-mixtes adopté au Sénat

Le syndicat étudiant est sous le feu des critiques depuis le 17 mars dernier, date à laquelle sa présidente, Mélanie Luce, a confirmé la tenue de groupes de parole en non mixité, au sein de l'UNEF. (Bertrand GUAY / AFP)

POLITIQUE - Ce n’est pas encore le coup de grâce pour le syndicat étudiant, mais symboliquement, celui-ci est fort. L’Unef a désormais un amendement à son nom. Initié par Les Républicains, le texte adopté ce jeudi 1er avril par le Sénat, vise à permettre la dissolution d’associations interdisant la participation d’une personne à une réunion en raison de sa couleur ou son origine. Il s’inscrit dans le projet de loi confortant le respect des principes de la République, communément appelé “loi séparatisme”.  

Initialement, l’amendement était plus large puisqu’il s’adressait à toutes associations organisant “des réunions syndicales ou publiques contraires aux principes républicains”, avant d’être modifié.

Tout est parti du passage de Mélanie Luce, la présidente du syndicat étudiant, au micro d’Europe 1 le 17 mars dernier où elle défend l’organisation de groupes de parole en non-mixité par l’UNEF. Depuis, le débat public ne cesse de s’enflammer autour de cette thématique entre attaques de Jean-Michel Blanquer et Marine Le Pen ou défense d’Audrey Pulvar

Unef et Génération identitaire, même combat?

C’est donc pour rebondir sur cette polémique que l’amendement a été proposé. Il a pour but de dissoudre toutes les  associations “qui interdisent à une personne ou un groupe de personnes à raison de leur couleur, leur origine ou leur appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée de participer à une réunion.”

Le sénateur Stéphane Le Rudulier (LR) qui a déposé cet amendement le justifiait en faisant un rapprochement entre le syndicat étudiant et un groupuscule d’extrême droite récemment dissout. “Leurs positions (celles de l’Unef, ndlr) sont de plus en plus extrémistes, et je pèse mes mots. [...] Il faut prendre des mesures fermes, comme celles prises pour Génération identitaire. L’objet est différent, mais la cause reste identique. On promeut le communautarisme et on fait des groupes racialisés interdits aux blancs”, pointait-il du doigt.

C’est en adoptant cet angle que l’élu de droite a présenté cet amendement, rebaptisant les groupes de paroles en non-mixité par “les journées non mixtes interdites aux blancs”. L’exposé des motifs de l’amendement cible les  “associations racistes et dangereuses pour l’intérêt général” et les réunions “interdites aux blancs organisées par l’Unef” rapporte Le Monde.

Stéphane Le Rudulier, justifie la présentation de cet amendement comme un texte permettant de “combler [un] vide juridique” puisque, selon lui, cette actualité “a mis en exergue que les conditions de dissolution d’une organisation syndicale dans notre droit sont complexes.”

Si elle a jugé “l’amendement Unef” inconstitutionnel, la ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa ne s’est pas opposée à son adoption, d’après Le Monde

“Comment on fait en sorte que ces réunions n’aient plus besoin d’exister?”

Un discours qui passe mal pour certains élus de gauche. La communiste Laurence Cohen a pris la défense de l’Unef, en expliquant que ce qu’avait voulu organiser le syndicat, ”ça s’appelle des groupes de parole”. Elle a notamment rappelé les groupes de paroles féministes où “des femmes ont dit des choses qu’elles n’auraient pas pu dire ailleurs. Je peux comprendre qu’à un moment donné il y ait besoin, pour exprimer ce que l’on vit, d’avoir des groupes de parole.”

Une position appuyée par Sophie Taillé-Polian (groupe écologiste), qui a soulevé une autre interrogation. “La question qu’on devrait se poser, c’est comment on fait en sorte que ces réunions n’aient plus besoin d’exister.” Sur ce point, l’amendement ne dit rien.

A voir également sur Le Huffpost: L’utilité des réunions non-mixtes expliquée par des féministes

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires