Un pilier – L’édito de Christophe Bonnefoy

C’était un sacré personnage. D’abord, et tout simplement, parce qu’il était l’époux de la reine. En ce sens donc, une figure emblématique de la cour made in England. Mais aussi, parce que bien malgré lui, le prince Philip, décédé hier à l’âge de 99 ans, restera comme le plus grand des gaffeurs de Grande-Bretagne. Au point, parfois, d’avoir pu mettre mal à l’aise le royaume. Par exemple lorsqu’il avait affirmé à des étudiants britanniques, à Pékin, qu’ils finiraient par avoir les yeux bridés s’ils restaient longtemps en Chine. L’humour anglais, parfois…

Reste que depuis l’annonce de sa mort, c’est plus le dévouement sans faille à son pays que ses petits dérapages que les chefs d’Etat saluent. Il n’a ainsi jamais dérogé au sens de l’honneur qui fait les souverains. Bien sûr, il fut en permanence dans l’ombre de la reine, protocole oblige. Mais il réussit, aussi, à rendre moins rigide l’image de Buckingham. Malgré sa posture très militaire, il œuvra ainsi, souvent, pour de grandes causes. Plutôt ouvert, plutôt moderne. En tout cas bien plus que l’image qu’il offrait aux caméras.

Sa mort, par définition, marque la fin d’une époque. Evidemment parce que le duc d’Edimbourg semblait éternel, aux yeux des sujets de Sa Majesté. Mais également, il ne faut pas le nier, parce que désormais, le royaume n’est plus tout à fait ce qu’il était. On se souvient, bien sûr, de Diana, épouse de Charles, venue mettre à mal l’ordre établi. Et plus récemment le séisme provoqué par la rupture du prince Harry avec la famille royale.

La cour a perdu un pilier. La reine, si imperturbable habituellement, doit se sentir bien seule.

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