Ce documentaire sur Olivier Rousteing en dit long sur l'abandon

Olivier Rousteing, ici au mois de mars 2021, arrive sur Netflix avec

CINÉMA - À 35 ans, Olivier Rousteing dirige la maison Balmain d’une main de fer. C’est à lui qu’on doit le retour de l’enseigne comme l’une des plus influentes dans le milieu de la mode. Cette histoire, nous et ses quelque 6,6 millions d’abonnés sur Instagram, la connaissons par cœur. Celle sur la recherche de ses parents biologiques, beaucoup moins.

Elle a fait l’objet d’un documentaire intitulé Wonder Boy, sorti dans les salles de cinéma au mois de novembre 2019. Réalisé par Anissa Bonnefont, il est désormais en ligne sur Netflix, depuis ce samedi 26 juin.

Né sous X, Olivier Rousteing est adopté par une famille bordelaise à l’âge d’un mois. Depuis, il a avancé dans la vie sans jamais connaître ses origines, sans jamais connaître les raisons de cet abandon. La vérité, il a voulu l’obtenir une première fois. À 16 ans, il contacte l’Aide sociale à l’enfance [anciennement la DDASS, NDLR] pour voir ce que contient son dossier. Mais en vain, il rebrousse chemin à la dernière minute.

“Une image très forte dans les médias”

La peur l’empêche d’entreprendre à nouveau les démarches, jusqu’au jour où il fait la rencontre d’Anissa Bonnefont. Élevée par sa mère biologique et le partenaire de celle-ci, elle a été abandonnée par son père à l’âge de 3 ans. En quête de réponses, elle part à sa recherche et le retrouve vingt ans plus tard. Elle convainc le couturier de renouer l’expérience et de se laisser filmer. Il accepte. 

“Olivier a une image très forte dans les médias, raconte la trentenaire dans les notes d’intention. Ce qui m’intéressait, c’était de faire tomber les masques entre deux univers extrêmement contrastés. C’est la force du documentaire qui s’inscrit dans un temps long qui donne accès à cette intimité.”

Des pleurs, des éclats de rire. L’aventure dans laquelle se lance le créateur est éprouvante. Elle est surtout très émouvante et illustre bien toute l’émotion que suscite la recherche de ses parents biologiques. Anissa Bonnefont l’admet. Même si son expérience n’a pas nécessité mille et un coups de fil administratifs, “psychologiquement, on est dans la même démarche”, explique-t-elle au HuffPost.

Accepter son passé

Comme pour lui, l’abandon qu’elle a vécu a été lourd de conséquences. “Quand on se construit avec ce sentiment, on n’arrive pas à se dire qu’il va partir”, confie la réalisatrice. Petite, elle s’est souvent comparée aux autres enfants. Elle a longtemps cru qu’elle était bête et que c’est pour cette raison que son père était parti.

La même crise de confiance a frappé Olivier Rousteing. “Tant que je ne sais pas qui je suis, je ne pourrai pas m’aimer”, explique-t-il face à la caméra de la documentariste avant de se lancer dans l’aventure. Anissa Bonnefont précise: “On se dit que si l’on a été abandonné, c’est qu’on n’est pas aimé.”

Pendant de nombreuses années, la jeune femme qu’elle était a eu honte de cette histoire. Après un séjour aux États-Unis, où elle rencontre le père de ses enfants, elle se sent grandie. Elle voit les portes d’une nouvelle étape de sa vie s’ouvrir devant elle: l’âge adulte. “J’avais besoin d’accepter mon passé”, concède celle-ci. 

Le choc de la réalité

Par l’intermédiaire de l’une de ses demi-sœurs, elle obtient le numéro de téléphone de son père biologique. Elle lui écrit, le rencontre. Une fois, puis deux. “C’était intense, et même très évident”, explique Anissa Bonnefont. Mais voilà, elle préfère s’arrêter là et ne plus le revoir. Elle a trouvé ce qu’elle cherchait, elle n’a pas besoin d’un deuxième père. Celui qui l’a élevée lui suffit.

Elle a d’ailleurs eu peur que sa démarche le blesse. “Quand on est adopté, on a toutes et tous ce sentiment de culpabilité à vouloir chercher nos parents biologiques, explique-t-elle. Mais ce n’est pas un parent qu’on cherche, c’est une acceptation de ce qu’on est pour remettre les choses à leur place.”

Une scène du film est évocatrice. “Pendant ce tournage, il y a eu plusieurs souvenirs assez marquants, mais je pense tout particulièrement au moment de la découverte de l’adoption à l’ASE”, se souvient Olivier Rousteing. Il fond en larmes en apprenant l’histoire, l’âge et le poids de sa mère biologique. “Découvrir la réalité a été un choc”, a-t-il exprimé dans les colonnes de Télérama.

Pour Anissa Bonnefont, cette histoire est encore un poids. Mais elle n’est plus un secret. “J’ai deux pères, c’est ma réalité, constate-t-elle. Tout ça m’a permis d’en parler librement. Cette histoire que j’ai longtemps cachée n’en est plus une.” Depuis qu’elle l’a acceptée, la vie peut continuer.

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